La saison estivale risque de donner des sueurs froides aux seniors

CANICULE • Les spécialistes vaudois du climat nous annoncent des mois de juillet et d’août plus chauds que la moyenne des années précédentes. Pour qu’un maximum d’aînés leur survivent, canton, communes et EMS s’activent depuis plusieurs semaines. Le point.

«Le plan canicule a fait ses preuves et reste une mesure efficace» Cathy Gornik, porte-parole du Département vaudois de la santé et de l’action sociale

L’été a pris son temps pour s’installer mais semble désormais bien là et les menaces de canicules à rallonge avec... Elles donnent souvent des sueurs froides à nos aînés ou à ceux qui en ont la charge. Et à juste titre! Car ces périodes de chaud prolongées sont meurtrières surtout chez les plus de 75 ans. Elles provoquent de l’épuisement et un coup de chaleur, mais aussi aggravent des troubles existants du système cardiovasculaire, des voies respiratoires, des reins ou des troubles psychiques. L’historique canicule de 2003 avait fait, par exemple, un millier de morts en Suisse!

La stratégie de prévention a été ajustée

Les épisodes de chaleurs extrêmes du début de l’été entraînent une hausse des taux de morbidité et de mortalité plus élevés que ceux qui surviendront plus tard. Et ce car le manque d’acclimatation constitue un facteur aggravant selon les professionnels suisses de la santé.

De nos jours, la grosse majorité des décès de seniors arrivent ainsi durant l’été alors qu’ils se déroulaient à la mauvaise saison voici une quinzaine d’années encore. Le Canton de Vaud prend cette menace particulièrement au sérieux. «Le plan canicule a fait ses preuves et reste une mesure efficace activée dès que les conditions l’exigent. La nouveauté 2023 est que le Canton a ajusté sa stratégie de prévention aux nouvelles conditions météorologiques, et a remodelé son site www.vd.ch pour proposer des solutions simples et applicables à la population», explique Cathy Gornik, chargée des relations médias au sein du Département vaudois de la santé et de l’action sociale (DSAS).

Cette organisation de vigilance est même prise comme modèle ailleurs. Lors de l’été 2018, ces plans avaient prouvé leur efficacité puisque, selon un rapport de la confédération, les cantons alémaniques qui n’en étaient pas encore équipés, avaient alors enregistrés des taux de mortalité bien supérieurs.

Les bons réflexes

Les décès dus aux vagues de chaleur touchent souvent des seniors déjà affaiblis par la maladie. La déshydratation, le manque de sodium, l’augmentation de la température corporelle et la chute de la pression artérielle constituent alors autant de gouttes d’eau susceptibles de faire déborder un vase déjà trop rempli. «Mais les personnes souffrant de maladies chroniques, de handicap ou de précarité, les personnes pratiquant une activité physique, les jeunes enfants, les femmes enceintes comme les travailleurs en extérieur, doivent aussi être vigilants», rappelle Cathy Gornik. Les conseils de prévention de base sont assez simples. Il s’agit de fuir au maximum la chaleur, de boire suffisamment, même si on ne ressent pas de soif, de manger léger, de bien aérer son lieu de vie le matin et/ou le soir, de réduire les efforts physiques ou de les pratiquer aux heures les moins chaudes, de se rafraîchir régulièrement et de porter des vêtements légers.

Les communes sont de plus en plus vigilantes

A Genève comme à Lausanne où un plan canicule communal existe aussi, une lettre a été adressée aux aînés vivant seuls et ne bénéficiant d’aucun suivi médical afin qu’ils s’inscrivent sur une liste. Et ce afin d’être suivis et avertis par téléphone en cas d’alerte canicule. La Ville de Lausanne a également dressé une carte inspirante et assez complète répertoriant l’ensemble des espaces où trouver du frais cet été. Notons également que la plupart des EMS disposent de leur propre plan canicule interne. La prévention, l’accès à l’eau et l’aération y figurent évidemment en bonne place. Nouveauté originale du côté de nos voisins genevois: en cas d’alerte canicule, leur ville propose gratuitement aux plus de 75 ans des séances de cinéma l’après-midi et l’accès aux piscines municipales le matin. Le tout, histoire de se rafraichir efficacement.

Des étés trop chauds en ligne de mire

«Le Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme indique que l’été 2023 sera trop chaud pour la Suisse, mais aussi pour une grande partie de l'Europe», rappelle Météo Suisse. Ces spécialistes nous annoncent un été très probablement plus chaud que la moyenne, comme ce fut le cas chaque année depuis 2015 à l’exception de 2021, à en croire l'agence de santé publique hexagonale. Pour mémoire, on parle de canicule lorsque la température moyenne journalière atteint au moins 25 degrés Celsius pendant trois jours consécutifs ou plus. Les spécialistes estiment que cette probabilité tourne autour des 40% entre mi-juillet et début août en Suisse. Selon eux, le changement climatique impliquera qu’à l’avenir, les périodes de fortes chaleurs seront plus régulières et plus intenses, mais sans pour autant déclencher l’alerte canicule faute de durer suffisamment longtemps. Il faudra donc rester vigilants jusqu’à la fin août au moins!