Le faux départ deGeorges-André Carrel

PORTRAIT • Figure emblématique du sport lausannois, Georges-André Carrel quittera sa fonction de directeur des Service des Sports de l'UNIL-EPFL le 31 octobre. Mais pas le volley, son sport de cœur, puisqu'il entraîne à nouveau le LUC, pensionnaire de la LNA

  • Un futur retraité bien occupé.

    Un futur retraité bien occupé.

Il y a quelques temps, en prévision d'une allocution, Georges-André Carrel a ouvert son Petit Robert pour lire la définition du mot retraite. Elle se trouve à page 1701. Retraite: action de se retirer. «J'étais donc sauvé», dit Georges-André Carrel, qui lutte contre les mots fragiles qui veulent dire tant; qui parlent joyeusement aussi, qui racontent en images pures sa philosophie, ses rencontres, sa passion pour la vie, pour le sport, le volleyball.Sauvé? «Oui, car le premier mot est action. Ouf! Alors, la première action qui me vient à l'esprit est de dire j'arrête et merci.» Dans son bureau aux murs repeints, il ouvre son agenda. 31 octobre. «Je n'ai pas écrit retraite ou départ mais il est mentionné l'anniversaire de mon fils Larry. C'est une fête majuscule. Il n'y a rien de plus beau que d'arrêter un tel jour, aussi festif qu'une renaissance.»

Enthousiasme

Fils de pasteur, Georges-André Carrel a cultivé dans le jardin de cette vocation le partage, l'échange; il a su aussi grandir par la richesse de l'autre. «Dans une société qui s'individualise de plus en plus il est très important que dans des milieux sportifs ou à l'intérieur d'une équipe, le Je s'estompe rapidement et laisse la place au Nous.» Il tourne encore des pages de son carnet de rendez-vous. Novembre. Elles sont toutes là. «Je n'ai rien ôté. Regarde : j'ai des conférences, des séminaires, des rencontres; que de la variété. Et le soir et les week-ends, il y a marqué LUC, LUC, LUC, LUC. Donc pas de scission mais une sorte de relais vers une autre action.» Georges-André Carrel est un homme d'enthousiasme, de hauts faits, d'envergure. De devoirs et ses multiples obligations. «Mais j'ai enlevé la gestion du quotidien du Service des sports. J'ai effacé dans ma mémoire et de mes émotions, qui ont été parfois un stress, le mot responsable de ce Service.»Vingt-deux ans passés à la tête du Service des sports de l'UNIL-EPFL «Mais trente-cinq au sein des hautes écoles», précise-t-il, voilà un bail énergisant que Georges-André Carrel n'a pas eu envie de classer. Cette saison il va entraîner à nouveau le LUC, le club du cœur qui a ses raisons. «Le volley ne me doit rien. En revanche, je lui dois énormément. Tout ce que j'ai appris dans le sport provient de son terrain de vie et des hommes. Une façon pour moi de boucler la boucle, de redonner ce que j'ai reçu, de dire merci au LUC.» Un club avec lequel à l'époque, il a remporté 8 titres de champion et 4 Coupes de Suisse, avec les dames et ensuite avec les hommes. Son retour aux affaires est lié aussi à quelques soucis du moment.

Moment difficile

«L'honnêteté m'oblige à dire que le LUC traverse un moment difficile au plan financier. Et comme je ne coûte pas très cher… Je suis plutôt dans la dynamique du don de moi-même que de toute autre considération.»Ces dernières saisons, Georges-André Carrel en était le directeur technique. Il fait son autocritique. «Depuis 2 ou 3 ans, le LUC s'est un peu écarté de ses valeurs traditionnelles. C'est-à-dire donner de vraies chances à des jeunes du cru, qui ont suivi notre filière-sport-études.» Cette saison, le LUC présentera 9 jeunes suisses dont 8 sortent de la formation (Julien Carrel, 25 ans, sera le plus âgé). Ils seront entourés de trois joueurs étrangers, susceptibles de s'intégrer dans cette politique; dont un, Français, qui a été plus de 100 fois international. «Au début, nous aurons peu de stabilité mais une grosse envie d'exister. La formation plus l'intégration va prendre du temps. La recherche d'un équilibre sera le mot-clé. » Et la direction de l'équipe? «Dans le coaching, ce qui «tue» les hommes, ce n'est pas le oui ou le non, c'est le oui, mais, le manque de courage d'affirmer.»Le but avoué du LUC est de terminer parmi les 4 premiers. « La jeunesse n'est pas une excuse d'un déséquilibre, mais une opportunité de forces nouvelles.» Le message de Georges-André Carrel? Soyez fou! Soyez jeune! Rêvez! Il y en a un autre sidéral, mais pas sidérant quand on connait son auteur : «Il ne faut pas avoir peur de rêver d'aller sur la lune. Si tu devais la manquer, c'est une étoile qui t'accueillera.»