«Pour les juifs vaudois, le climat actuel est lourd et déprimant»

TENSIONS • Président de la Communauté israélite de Lausanne, Elie Elkaim s’inquiète des répercussions du drame actuel au Proche-Orient dans le Canton. Il fait un appel du pied aux représentants des musulmans.

La guerre sanglante qui sévit depuis le 7 octobre dans la bande de Gaza et en Israël, avec son lot effarant de victimes civiles de part et d’autre, n’est pas sans conséquences dans notre région. Des manifestations distinctes de soutien en faveur des Palestiniens puis contre l’antisémitisme ont déjà eu lieu à Lausanne.
Selon le président de de la Communauté israélite de Lausanne (CIL), Elie Elkaim, la tension s’accroît sur le terrain de l’antisémitisme, «y compris dans le canton de Vaud d’ordinaire très paisible».
Anxiété
Ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, il dresse ce constat: «Des juifs vaudois ressentent une anxiété en raison de tags vus sur le domaine public ou de propos entendus. Une dizaine d’actes identifiables comme antisémites ont déjà été recensés. L’atmosphère en milieu scolaire est aussi devenue plus tendue, où des débordements en classe ou dans les préaux d’école ont eu lieu. Plusieurs informations à ce sujet nous sont parvenues d’enfants ou de leurs parents. Dans la plupart des cas, aucune plainte n’a été déposée, mais l’information est remontée au Département de l’enseignement et de la formation et à la Direction générale.» Elie Elkaim décrit la scène d’un élève juif qui a été pris à partie dans un bus.
«Ce type d’info circule très vite au sein de notre petite communauté, ce qui crée une angoisse, sans omettre la caisse de résonance des réseaux sociaux. Le climat est lourd, voire déprimant, pour nos membres à Lausanne et dans le canton. Nous en avons informé les autorités politiques.» Est-ce envisageable de mettre sur pied une action commune entre la CIL et l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM) pour tenter de faire baisser la tension? «Je l’appelle de mes vœux et j’espère que cela se produira. Rien de concret jusqu’à maintenant, mais nous sommes en contact régulier avec les responsables de l’UVAM. C’était déjà le cas avant le 7 octobre et les tragiques événements. Nous nous connaissons et nous nous parlons. J’espère à présent que nous serons capables de mener des actions d’une même voix dans l’esprit de la coexistence et de la pacification des esprits.»
Respect de tous
Lausanne Cités a contacté à ce propos Pascal Gemperli, le secrétaire général de l’UVAM. Il a fait d’abord référence à un communiqué en faveur de la paix rédigé sur la plateforme interreligieuse vaudoise. On y lit notamment: «En tant que responsables religieux, nous demandons à chacun et à chacune de préserver dans notre canton la paix, à rejeter tout discours qui appelle à la haine et à la guerre, à rechercher le respect mutuel et la cohésion sociale.»
Ouvert à l’idée d’Elie Elkaim, le secrétaire général a formulé des propos en faveur du respect de tous les civils, en soulignant qu’il fallait éviter de se laisser impacter en Suisse par des événements au Proche-Orient. Il a cependant voulu consulter le comité de l’UVAM avant publication de ses propos. Au final, sa déclaration a été modifiée. D’accord pour faire un appel commun avec la CIL, mais à condition d’y faire figurer une demande de cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages.