DÉCHETS SAUVAGES • Josiane*, une retraitée lausannoise de 73 ans, ne pensait jamais vivre pareille mésaventure. Un jour, alors qu’elle se rend au supermarché faire ses courses, elle remarque qu’une barquette vide en plastique se trouve dans son sac à commissions. Ni une, ni deux, elle la dépose dans une poubelle officielle située à l’avenue de Cour. Quelle ne fut pas sa stupéfaction d’être interpellée quelques minutes plus tard par un policier en uniforme accompagné d’une autre personne en civil. La barquette gisait à côté de la poubelle d’où ces préposés l’avaient extraite puis photographiée. Notre lectrice a dû alors confirmer qu’elle avait bien jeté cet objet dans la poubelle et qu’il provenait de son domicile. Son geste anodin s’est transformé en délit: elle a dû présenter ses papiers et s’est vu infliger une amende de 150 francs pour «abandon non conforme de déchet sur la voie publique»!
Procédure humiliante
Trouvant la sanction disproportionnée et la mesure abusive, Josiane* a fait recours auprès de la Direction des finances et de la mobilité ainsi que de la police municipale. La réponse de la juriste du Service de la propreté urbaine a été claire: l’article 17bis alinéa 1 du Règlement général de police considère un objet – si petit soit-il – provenant de son domicile comme un déchet ménager qui aurait dû finir dans un sac poubelle payant. En d’autres termes, si elle avait mangé le contenu de la barquette dans la rue, la retraitée n’aurait donc pas été amendée! Ce même service juridique l’a informée que si son opposition à l’amende devait être refusée par la Commission de Police, elle aurait 200 francs de frais administratifs supplémentaires à payer. Comme cette issue était fort probable, et de guerre lasse, elle a réglé l’amende. Cette Lausannoise disciplinée souligne: «J’utilise uniquement les sacs payants pour mes déchets ménagers. Je me suis clairement sentie humiliée par cette procédure légale, mais absurde. Au lieu de chipoter et embêter les personnes bien éduquées, on ferait mieux de mettre le paquet pour se concentrer sur les vagues d’ordures qui polluent nos rues et nos parcs.»
*prénom d’emprunt, identité connue de la rédaction