Un retraité lausannois s'engage : «Je décarbone les Faverges!»

CLIMAT• Un habitant du petit quartier des Faverges ambitionne de dresser le «cadastre énergétique» des immeubles du secteur, et d’impliquer les jeunes dans la démarche.

Gérald Cuennet, 72 ans, n’a pas l’ambition d’être un expert du réchauffement climatique. Il s’intéresse, ni plus ni moins, à la question, et son expérience en tant qu’ingénieur en génie civil l’aide à comprendre jargon technique et chiffres en série là où d’autres n’y verraient qu’un charabia incompréhensible. Il estime qu’une très grande partie de nos émissions de CO2 pourrait être réduites en améliorant l’efficience énergétique de nos bâtiments – deuxième secteur le plus émetteur après les transports - et notamment en éliminant le gaz et le mazout des système de chauffage.
Jeudi dernier, à la Maison de Quartier des Faverges, une petite dizaine de personnes étai rassemblée pour écouter Gérald Cuennet, qui avait préparé le premier «café climatique» du quartier. «Cette première rencontre s’inscrit dans la ligne de pensée de la maison de quartier: nous nous investissons pour sensibiliser les jeunes à l’écologie et nous avons un petit jardin», explique François Grand, animateur socioculturel aux Faverges. «Je décarbone les Faverges!», c’est le slogan, un peu idéaliste soit, de Gérald Cuennet, mais qui a le mérite de poser la question: que puis-je faire à l’échelle de mon quartier? Car la Suisse étant un pays composé en grande majorité de locataires, ces derniers peuvent se sentir bien petits dans la marge de manœuvre.
Impliquer les jeunes
«J’aimerais donner aux jeunes du quartier l’envie de s’intéresser à cette question», explique le retraité, «propuls » depuis peu dans le comité de la maison de quartier. Son idée: «recruter» des ados pour établir le cadastre énergétique «du 803», le numéro de secteur du quartier des Faverges. Actuellement cinq jeunes entre 13 et 16 ans ont montré de l’intérêt à contribuer à cette petite enquête. Mais le projet n’en est qu’à ses balbutiements. D’autant que la démarche n’est pas évidente. Car Gérald Cuennet envisage de contacter propriétaires et gérances d’immeubles afin d’obtenir des informations sur le système de chauffage des bâtiments dans le but de dresser ce portrait énergétique du quartier.
S’il aborde la question, c’est que « e toute façon, d’ici quelques années, les propriétaires seront obligés d’y passer». Avec la révision totale de la loi sur le CO2 pour la période d’après 2020, les propriétaires seront soumis à des taxes pouvant aller jusqu’à 210 francs par tonne de CO2 émise, et des valeurs limites contraignantes d’émission pour les locatifs seront instaurées d’ici la deuxième moitié de la prochaine décennie.
Tout à son aise avec les chiffres, Gérald Cuennet a donc calculé que pour se débarrasser de 50% des émissions de CO2 – objectif de la Confédération pour 2050 - émis par le quartier des Faverges, il faudrait «décarboner» 800 appartements du secteur, ce qui équivaut à se débarrasser de 590 kg de CO2 par personne, par année.
Le café climatique de la semaine dernière a lancé l’action. Cette première rencontre a donné l’envie aux autres personnes présentes de renouveler l’expérience des cafés climatiques, notamment avec des sujets plus concrètement réalisables par chacun, comme la question de l’alimentation.