«Aider les victimes à se reconstruire»

Dans cette tribune libre, le vice-président du groupe PS Jean Tschopp insiste sur l'importance d'une justice dite «restaurative».

Toute victime doit composer avec un traumatisme. Trop souvent, les personnes lésées sont tenues à l’écart de leur procès. La justice traditionnelle sanctionne toute violation de la loi. Mais pour aider les victimes à se reconstruire et à faire le deuil, nous avons besoin d’une justice complémentaire. C’est le rôle de la justice restaurative, qui voit l’infraction comme un événement créant des dommages à réparer. La médiation carcérale est une des formes de la justice restaurative. Elle crée un cadre pour une rencontre entre victime et détenu. La victime exprime la souffrance vécue. Le détenu explique – sans justifier – son comportement à la personne lésée, s’excuse et cherche à réparer le tort causé. La médiation carcérale nécessite le consentement des parties. En tout temps, le condamné ou la victime peut y mettre fin. La médiation carcérale passe par l’intervention d’un médiateur neutre, indépendant et formé à cet effet. Les pays qui appliquent la justice restaurative observent une réduction de la récidive de 7% au moins. En Suisse, sur le long terme, le taux de récidive avoisine les 38%. Hélas, notre pays prive les adultes de médiation pénale. Les prisons sont engorgées. Souvent, les nouvelles places créées ne compensent pas l’augmentation de détenus. Nous avons besoin de réponses innovantes pour réduire la récidive. Auteurs comme victimes doivent pouvoir revenir sur un drame, recevoir des explications, apprendre à vivre avec un traumatisme et tenter de tourner la page. L’excellent film documentaire suisse «Je ne te voyais pas» de François Kohler est l’occasion d’un vaste débat sur la justice restaurative. Pour aider les victimes à surmonter leur traumatisme et pour réduire la récidive, développons la justice restaurative.