Le concept Police-Population otage de la guerre des polices?

MORGES • Le système de surveillance des habitations par les citoyens fonctionne dans 139 communes vaudoises. Le conseiller communal PLR morgien Pierre-Marc Burnand souhaitait l’introduire à Morges. Sans succès. Retour sur un raté qui n’est pas encore totalement digéré.

  • Impliquer la population dans la sécurité. un vœu pieux? dr

    Impliquer la population dans la sécurité. un vœu pieux? dr

La saga aura duré deux ans. Deux années durant lesquelles Pierre-Marc Burnand se sera battu sans relâche. En vain. «J’ai d’abord proposé que l’on fasse des essais pour voir si ce concept pouvait fonctionner dans notre commune. L’idée consistait à faire participer la population à la prévention des actes criminels. C’est un soutien à la police et non un substitut. La Municipalité y est totalement opposée. La raison officielle est que la police est mieux formée que la population!»

Pour la raison officieuse, nous avons rencontré une personne proche du dossier. Elle nous a anonymement confié son avis: «La véritable raison de cet échec est que les polices communales et cantonales se font la guerre depuis longtemps. Cette querelle remonte à la votation sur la police unique.»

Mis sur pied en 1992 dans le canton sous le nom de «Surveillance mutuelle des habitations», le concept Police-Population aurait donc été la victime d’une guerre d’ego? Pour Pierre-Marc Burnand, la raison importe peu: «Je suis tout simplement déçu de voir que cette collaboration entre population et forces de l’ordre n’est pas possible. Si cela fonctionne à Gland, Echichens, Tolochenaz ou Ecublens, c’est que l’idée n’est certainement pas mauvaise. La problème, c’est qu’à Morges la police est convaincue de parfaitement faire son travail et qu’elle n’a donc besoin d’aucune aide extérieure.»

Abandon logique?

Au sein de la Municipalité morgienne, on se défend d’avoir sacrifié la sécurité des citoyens sur l’autel des querelles de polices. Daniel Buache, municipal en charge de la sécurité, voit plutôt une forme de logique à l’abandon du concept Police-Population à Morges: «Les policiers régionaux sont déjà suffisamment sur le terrain et misent sur la proximité pour mener à bien leur action. Et puis la gendarmerie ne tient pas à venir marcher sur les plates-bandes de Police Région Morges, c’est un fait.»

Alors que le concept fonctionne dans les petites communes du canton, il peine donc à séduire les zones urbaines disposant déjà d’une police de proximité. Une réticence évidente lors de la présentation du rapport de commission au conseil communal morgien. Eric Züger, municipal socialiste en charge des finances, n’a pas hésité à affirmer: «le concept Police-Population n’est pas adapté à la mentalité vaudoise, il serait plus efficace en Suisse allemande où on s’occupe davantage des voisins.»