Haro sur les petits commerces?

VIEILLE VILLE • Trois terrasses à la rue Cité-Devant voient leurs horaires d'ouverture restreints par une décision de la Municipalité. Les commerçants s'insurgent tandis que l'affaire prend un tour plus politique avec le Conseil communal qui fait front contre les autorités.

  • Trois petites terrasses qui vont devoir fermer beaucoup plus tôt.

La Municipalité souhaite-t-elle la mort des petits commerces? C'est en tout cas ce que soutiennent mordicus trois petits établissements de la rue Cité-Devant, au pied de la cathédrale de Lausanne. L'objet de la colère des responsables de l'Eléphant Blanc, de la Pomme de Pin et du Ghiotto? Un courrier au ton comminatoire envoyé par la Municipalité et qui restreint les horaires d'exploitation de leurs (petites) terrasses qui devront désormais fermer à 22 heures au lieu de minuit précédemment. Argument invoqué: «la tranquillité (du quartier), compromise par les nuisances massives dues au tapages, aux incivilités et aux souillures occasionnées par les noctambules».

Incompréhension

«Cette décision est franchement incompréhensible, s'insurge Anthony Macé, un des deux patrons de l'Eléphant Blanc. Nous sommes des professionnels de la restauration, et nous savons gérer la clientèle. Depuis trois ans que nous sommes là, nous n'avons jamais reçu la moindre plainte, ni du voisinage, ni de la police.»Et d'ajouter: «La Cathédrale et le Château sont les monuments les plus visités de Lausanne. On ne s'y prendrait pas mieux si on voulait délibérément faire partir les touristes, qui ne s'attablent pas en terrasse s'ils n'ont pas un peu de temps devant eux!»«Moi, ce que je ne comprends pas, s'insurge son associé Cédric Rivoire, c'est pourquoi on nous cible nous et pas d'autres commerces du quartier. S'il y a du bruit, c'est bien plus tard dans la nuit!»Au delà de la baisse attendue du chiffre d'affaires des trois restaurants concernés, il y a aussi les investissements consentis pour accueillir la clientèle. «Depuis que l'endroit a été classé zone de rencontres, on nous a donné de nouvelles dimensions et nous avons dû investir pour du nouveau mobilier, explique Anthony Macé. Si on doit fermer plus tôt, tout cela aura été pour rien! Sans compter que si on met la clé sous le paillasson, l'endroit va être beaucoup moins fréquenté et posera des problèmes de sécurité publique!»

Interpellation urgente

Depuis, l'affaire a pris un tour nettement plus politique. L'élue verte Natacha Litzistorf a déposé une interpellation urgente le 5 juin dernier au Conseil communal pour demander des explications à la Municipalité. «Il y a là un amalgame incroyable, soutient-elle. Les nuisances invoquées n'ont rien à voir avec les établissements concernés. J'aimerais bien savoir sur quels critères objectifs la Municipalité a fondé sa décision!»Dans une réponse orale assez confuse que l'on peut entendre sur le site www.lausanne.ch, le Municipal Marc Vuilleumier argue du fait que la Municipalité «fait face à des problèmes liés à la tranquillité publique et qu'elle essaie d'agir en analysant les spécificités de chaque site».La classe politique en tout cas, réagit comme un seul homme: une résolution déposée le soir même et demandant que la Municipalité agisse avec «discernement et proportionnalité» a été adoptée à l'unanimité, seuls trois conseillers communaux s'étant abstenus. Les commerçants concernés, quant à eux, entendent bien faire opposition de la décision qui leur a été notifiée.