A la Borde, une communauté rom 
met le voisinage sous tension

GROGNE • Déjections canines, vacarme nocturne, parking sauvage, la présence de 80 Roms, logés par la Ville, provoque des remous chez les voisins de la rue de la Borde 47. Considéré comme insalubre et voué à la démolition, le bâtiment sera entièrement vidé le 31 mars prochain au plus tard.  

  • L’hébergement de 80 Roms à la Borde ne se fait pas sans tensions avec le voisinage. VERISSIMO

Depuis l’été dernier, Michel*, un retraité de 72 ans, ronge son frein derrière les rideaux de sa petite cuisine qui donne directement sur la rue de la Borde. «Je n’attends qu’une chose, c’est que ces gens déguerpissent car la vie est devenue insupportable dans le quartier. A Lausanne, on amende des citoyens exemplaires quand ils jettent un petit cornet dans une poubelle publique et il y a des communautés entières qui se foutent de tout, vivent salement et pourrissent la vie de la population en toute impunité. C’est injuste et lâche de la part de nos élus!»
Des habitants se calfeutrent
Ce ras-le-bol, d’autres habitants sont venus nous le confier lors de notre reportage sur place. Ils décrivent des scènes auxquelles ils n’étaient pas habitués, malgré la mauvaise réputation encore tenace du quartier: déjections canines qui constellent les trottoirs, parking sauvage généralisé, vacarme nocturne et autres véhicules vandalisés. A tel point que Mireille*, une voisine, ne sort plus de chez elle une fois la nuit tombée: «Depuis que ces Roms ont pris leurs aises à la rue de la Borde 47, j’ai changé mes habitudes. Je ne vais plus au resto le soir et j’ai même installé une alarme bon marché sur ma porte. L’autre jour, j’ai vu un de ces types déféquer au beau milieu de la rue. Je ne sais pas qui a eu l’idée d’héberger ces gens ici.» Renseignement pris, l’immeuble concerné appartient à laSociété Coopérative d’Habitation Lausanne (SCHL). Sa porte-parole, Coralie Rochat, tient cependant à préciser: «Le bâtiment a été gratuitement prêté par la SCHL à la Direction des sports et de la cohésion sociale de la Ville de Lausanne.En effet, cet immeuble est insalubre et ne correspond plus aux normes. Sa démolition est prévue dans le courant de l’année.»
Plusieurs plaintes déposées
Selon nos informations obtenues auprès de la Direction des sports et de la cohésion sociale, onze studios insalubres ont été condamnés et 24 sont actuellement occupés par 80 personnes. Une décision qui se justifie selon Emilie Moeschler, municipale en charge du département: «Nous avons décidé d’y accueillir de l’été 2023 à mars 2024 des familles et quelques couples âgés qui fréquentaient alors les hébergements d’urgence afin de leur permettre un accueil 24h sur 24 et d’évaluer plus encore leur situation. L’immeuble accueille des personnes, toutes roms. En effet, ces dernières représentent la grande majorité des situations de familles sans-abri à Lausanne qui sollicitent les hébergements d’urgence.»
Quid des plaintes du voisinage concernant les nombreux désagréments subis? «Nous avons effectivement reçu plusieurs réclamations, précise la municipale. Suite à cela, nous avons pris des mesures. Ainsi, les personnes accueillies s'engagent à respecter les règles de vie notamment à l’égard du voisinage (gestion des déchets, déjections canines et bruit par exemple). Un agent de sécurité privée patrouille chaque nuit dans l’immeuble.»
Plaintes
La Ville a également déposé plusieurs plaintes, dont le traitement est en cours à l’heure actuelle. En cause, des personnes venues de l’extérieur qui ont tenté à plusieurs reprises de s’introduire dans des studios de l’immeuble condamnés à cause de leur insalubrité. Jean-Philippe Pittet, porte-parole de la police lausannoise, dément cependant une recrudescence des larcins: «Aucune série particulière de vols dans les véhicules n'est mise en avant dans ce quartier.» L’épilogue de cette situation est connu. Le 31 mars au plus tard, le bâtiment devra, en vertu du contrat de prêt passé entre la Ville et la SCHL, avoir été vidé. Quant aux 
80 Roms, ils seront relogés ailleurs par le Service inclusion et actions sociales de proximité de la Ville.

*prénom fictif, identités connues 
de la rédaction