Freddy Meylan, une légende vivante de la rue de l’Ale, ferme boutique

COMMERCE • Le 30 juin, la bijouterie-horlogerie Meylan, l’une des enseignes les plus anciennes de la rue de l’Ale fermera ses portes. Dans cette boutique où l’on remonte le temps, son patron Freddy Meylan évoque les souvenirs accumulés depuis plus de cinquante ans.

  • Freddy Meylan prend la pose avec Yvonne, son assistante depuis plus de 42 ans. MISSON-TILLE

    Freddy Meylan prend la pose avec Yvonne, son assistante depuis plus de 42 ans. MISSON-TILLE

«J’aurais bien continué tant que je le pouvais, comme mon père, qui s’est arrêté à 92 ans.» Ce n’est pas par fatigue ou par lassitude que Freddy Meylan, aujourd’hui âgé de 80 ans, a apposé les pancartes «liquidation» sur ses vitrines. Non, si ce passionné décide de fermer boutique, c’est parce qu’Yvonne, son assistante depuis 42 ans prend sa retraite. «Je ne peux pas recommencer avec quelqu’un d’autre à mon âge. Elle est mon bras droit.»

«Les meilleurs souvenirs de ma vie»

Ce qui lui manquera? «Tout», déclare-t-il sans une once d’hésitation. «Venir ici me donne un but en me levant le matin. J’aime la variété de mon métier, je monte et je descends les escaliers toute la journée, cela me maintient.» Car Freddy Meylan est un homme qui aime bouger. Jusqu’à peu, il dévalait encore les pistes de ski et pratiquait le patin à roulettes. «Mais je me suis cassé le poignet il y a 6 ans et je n’ai pas repris depuis».

Les souvenirs qu’il a accumulés depuis 57 ans ici resteront les meilleurs de son existence. Les multimarchés de l’Ale, les nombreuses fêtes et animations organisées par le Groupement des commerçants de la rue. «On décorait les devantures, on vendait la tombola, il y avait des concours, des rallyes. Tous les commerçants se donnaient de la peine pour attirer le monde. Nous formions une grande famille.»

S’il avoue que la perspective de la retraite l’angoisse – «à part enlever les mauvaises herbes et faire des tours en moto, je ne vois pas bien ce que je vais faire» - il est pour l’instant trop occupé pour y penser. «Je réfléchis aussi à ce que je vais garder; j’ai des outils qui appartenaient à mon papa et à mon grand-père, je n’ai pas envie de tout liquider car cela fait partie du patrimoine de ma vie.»

Horlogers-bijoutiers de grand-père en fils

Car les générations de bijoutiers-horlogers se sont succédé dans l’arbre généalogique de Freddy Meylan, depuis son arrière-arrière-grand-père, paysan-horloger à la Vallée de Joux qui fabriquait des horloges l’hiver et était aux champs l’été. Son arrière-grand-père était maître d’apprentissage dans le métier à Genève, puis c’est son grand-père qui a quitté la Cité de Calvin pour s’installer à Lausanne. Enfin, son père a posé ses valises en 1933 à la rue de l’Ale. C’était la naissance de l’horlogerie-bijouterie Meylan. Le jeune Freddy le rejoindra en 1966, avant de reprendre la boutique en 1978.

Finalement, en y réfléchissant, il se dit qu’il profitera probablement de sa retraite pour rénover sa maison, dont le terrain avait été acheté «pour une bouchée de pain» dans les années 70 à Froideville. Peut-être y fera-t-il de la place pour un petit atelier dans lequel il pourrait continuer de pratiquer sa passion. Pour le plaisir.