Lutte contre le bruit: les avocats rigolent!

PRÉVENTION • La police de Lausanne vient d’annoncer le début d’un programme de lutte contre le bruit. Si le volet préventif met tout le monde d’accord, ce n’est pas le cas de la partie répressive.

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Le 29 avril dernier, journée internationale contre le bruit, la police de Lausanne annonçait le lancement d’une campagne de prévention contre les comportements bruyants des conducteurs.

«Dans un premier temps, nous distribuerons des flyer d’informations, mais dès cet automne, nous effectuerons des dénonciations sur les mêmes cas», expliquait alors l’adjudant Jacky Vauthey, chef de la Prévention routière.

Un coup politique

Ces dénonciations pour utilisation du klaxon, circuit inutile, fonctionnement abusif de l’accélérateur ou crissement de pneus font déjà rire les avocats. « C’est davantage de la politique que du droit ou de la prévention», claironne d’emblée Me Jacques Roulet, le fondateur du réseau Avocats de la Route.

«Il sera très facile de contester ces amendes. Sur quelle base un agent peut-il estimer que la musique est trop forte ou qu’un circuit n’est pas utile? Chacun a son interprétation.»

Des critiques que l’adjudant Vauthey ne conteste pas formellement: «L’appréciation du policier est effectivement très importante lors d’une dénonciation pour bruit. Un policier jeune ressentira peut-être moins le volume de la musique comme problématique alors qu’un agent plus âgé sera davantage enclin à dénoncer.» Si les agents patrouillent normalement avec des instruments de mesure de décibels, il reste difficile de comprendre comment ils pourront les utiliser dans le cas d’un véhicule qui se déplace avec de la musique.

Réel problème?

Cette nouvelle campagne de la police lausannoise est originellement née d’une interpellation d’une élue au Conseil communal. Et, à en croire le chef de la prévention, la situation est effectivement préoccupante: «Le bruit est particulièrement problématique à Lausanne le soir, notamment aux abords du Flon, de l’Avenue de Morges ou de Vinet. » Des zones de fortes activités nocturnes qui attireraient quelques jeunes aux grosses cylindrées en recherche d’attention, quitte à faire le maximum de bruit possible et de nombreux allers-retours.

Autre préoccupation

«Si la police identifie ça comme problématique, c’est leur appréciation. Personnellement, je suis davantage préoccupé à cette période de retour des beaux jours par les jeunes qui circulent en deux roues et en short et t-shirt», remarque Pierrette Roulet-Grin, présidente de la section vaudoise du TCS.

Il est vrai que ce thème de campagne de prévention aurait assurément davantage préservé la santé des Lausannois, mais aurait peut-être été moins rémunérateur.