Vidéosurveillance dans les gares: un rétropédalage qui s’explique

VIDEOSURVEILLANCE • Les CFF voulaient installer des caméras à reconnaissance faciale dans de nombreuses gares. Les parlementaires fédéraux sont montés au créneau, ce qui a poussé l’entreprise ferroviaire à faire marche arrière. Explications.

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«Souriez, vous êtes filmés!» Vous connaissez sans doute cette expression empruntée à une émission humoristique de la télé américaine des années 50 qui révélait à ses participants qu’ils étaient victimes d’un canular filmé. La série s’est arrêtée depuis longtemps, mais la phrase est restée. Depuis le développement de la vidéosurveillance, au début des années 2000, apposée sur des pancartes signalant aux passants qu’ils sont filmés, elle est même devenue une phrase culte.

Un système controversé

La vidéosurveillance est aujourd’hui omniprésente sur le domaine public. Nous sommes filmés un peu partout: autoroutes, gares, banques, grands magasins, bus, tram, métro, rien n’échappe à la sagacité des caméras. De moins en moins de gens s'en indignent. Mais ce système, même s’il répond à certaines règles, demeure controversé avec la crainte d’atteintes massives à la protection de la personnalité qui feraient que chacun de nos faits et gestes serait désormais totalement épié.

Le dernier épisode en date concerne les CFF dont on a appris qu’ils étaient sur le point d'installer de nouvelles caméras de surveillance dans 57 gares. Rien de bien nouveau sur le fond: aujourd’hui, il y en a déjà plus de 24'000. Sinon que celles-ci, dotées d’un système de reconnaissance faciale, détailleraient le chemin emprunté par chaque voyageur et détecteraient aussi son sexe, son âge, ses bagages et, surtout, les trajectoires et les dépenses qu’il effectue dans les boutiques. Buts poursuivis par l’ex-régie fédérale: améliorer la sécurité, mais aussi extraire une rentabilité maximale de ses activités annexes, le chiffre d'affaires des commerçants augmentant, le loyer qu’elle perçoit s'élèverait également!

Aucun traçage

Cette annonce a déclenché une pluie de protestations au Parlement fédéral, à gauche comme à droite de l’échiquier politique, certains parlementaires n’hésitant pas à évoquer une forme d'espionnage. Le préposé fédéral à la protection des données, Adrian Lobsiger, a pour sa part évoqué «un projet à haut risque». Mais pour le Conseil fédéral, pas de souci à se faire, tout baigne. Le nouveau système étant bridé, les CFF pouvaient aller de l’avant.

Sauf que l’entreprise ferroviaire, mise sous pression par les acteurs politiques et une partie de l’opinion publique, a finalement décidé de renoncer à son projet. Le ressortira-t-elle de ses tiroirs dans quelques années? L’avenir nous le dira…