Une fronde inhabituelle secoue le Pays de Vaud, l'éditorial de Charaf Abdessemed

  • Photo Verissimo

Il se passe quelque chose dans le, d’ordinaire, si calme Pays de Vaud. Ce n’est pas encore une révolution, de loin pas, mais la fronde qui se dessine tranche terriblement, d’une part avec l’âme vaudoise, et d’autre part avec les vingt dernières années marquées par un véritable consensus social et politique.

Au cours de ces deux derniers mois en effet, les syndicats des services publics et parapublics vaudois ont organisé pas moins de quatre journées de mobilisation, mécontents du maigre 1,4% de revalorisation salariale accordé par le gouvernement. Un grand pas selon le Conseil d’Etat, mais visiblement un tout petit pas pour les enseignants, policiers, aides-soignants qui n’ont pas hésité à battre le pavé pour marquer leur mécontentement.

Que s’est-il passé pour que l’on en arrive là? Il y a bien sûr la péjoration des conditions socio-économiques liée à l’inflation et à la guerre en Ukraine qui commence sérieusement à mettre à mal le portemonnaie des classes moyennes. Mais il n’y a pas que cela. On a longtemps brocardé la bromance Maillard et Broulis mais le duo a su poser avec pragmatisme les bases d’un consensus qui a garanti une véritable paix sociale dans le canton et que l’on pourrait bientôt regretter.

Les deux hommes ne sont désormais plus aux affaires, un nouveau conseil d’Etat a repris la conduite du canton. A majorité de droite, et après un bref état de grâce, il lui revient désormais la responsabilité de montrer une aptitude au dialogue social à la hauteur de celle de son prédécesseur. Et de ne pas oublier que le canton se gouverne... au centre.