Un nouveau dispositif équipe les chiens de la brigade canine

SECURITE • La brigade canine de la police cantonale vaudoise s’est dotée d’un nouveau dispositif qui permet à l’un de ses chiens de filmer en temps réel ce qu’il voit et de transmettre ces images à son maître resté à distance. De son côté, ce dernier peut interagir avec son chien grâce aux écouteurs inclus dans ce même dispositif.

Un chien de la brigade canine dispose désormais d’un nouvel équipement. Au premier regard, on dirait qu’il porte des lunettes de ski; en fait, il s’agit d’un dispositif technique bien plus complexe, fixé sur sa tête, qui comprend une caméra, une radio et des écouteurs. La caméra retransmet en temps réel ce que le chien voit, la radio reçoit les ordres donnés par le maître et les écouteurs permettent à l’animal d’en prendre connaissance.

Ainsi équipé, il peut être littéralement téléguidé par son maître qui reçoit ses images sur une console et, ainsi, peut le diriger. «Cela nous fera considérablement progresser dans le domaine de la reconnaissance, la fouille de bâtiments, la localisation de personnes et le déminage à distance, explique Guillaume, conducteur du chien équipé. Ce dispositif nous permettra de visualiser des endroits où seul un chien peut se faufiler, tout en restant en sécurité. De plus, la caméra peut être équipée de lampes LED ou d’une caméra thermique qui nous permettront de détecter une personne en forêt ou dans un sous-sol.»

Nouveau vocabulaire

Les forces spéciales de plusieurs polices, en Belgique, aux Pays-Bas et en France, sont déjà équipées. Pour l’instant, seul un chien de la brigade canine a été formé pour utiliser ce dispositif. «La grande question était de savoir si nous disposions des compétences et du savoir-faire pour mener à terme un tel défi technique cynologique, explique de son côté l’adjudant Christophe Ehinger, chef de la brigade canine. Le dressage a pris du temps. Il faut comprendre que pour évoluer dans un environnement, un chien reste en contact avec son maître, visuellement ou vocalement. Avec ce dispositif, l’animal est hors de portée et n’entend son maître que via ses écouteurs. Il a donc fallu lui apprendre à progresser sans l’aide de ce contact et intégrer des nouveaux mots dans son vocabulaire comme «droite», «gauche», etc. Nous lui avons appris près de 30 nouveaux ordres. De son côté, le conducteur doit rester très concentré en permanence. Il doit savoir, grâce aux seules images dont il dispose, quelle est la situation du chien ou, à l’intérieur d’un bâtiment, dans quelle pièce il se trouve.»

Il reprend: «La dextérité du chien pour se déplacer dans un environnement compliqué n’est pas comparable avec d’autres moyens techniques, comme un drone ou un robot, qui pourraient être limités par les obstacles du terrain ou la discrétion. De plus, les images peuvent être partagées avec les chefs de section ou d’autres intervenants, quel que soit l’endroit où ils se trouvent.»

D’autres chiens seront formés

Le domaine de la cynologie est en constante évolution. Elle doit s’adapter pour amener une réelle plus-value. Quelle que soit la technologie utilisée, le chien permettra d’aller plus loin: il ne restera pas bloqué par un obstacle et trouvera toujours le chemin pour s’approcher d’un but, tout en cumulant les moyens techniques à ses instincts primaires: «Par exemple, reprend Christophe Ehinger, confrontés à une personne retranchée dans une maison isolée entourée d’une clôture, nous pourrions nous trouver en difficulté pour nous en approcher. Les capacités du chien à se frayer un chemin jusqu’à la maison sont irremplaçables et grâce à la caméra, nous pourrons voir dans quelle pièce la personne se trouve et si elle est armée.»

Il conclut: «Guidé par son maître, le chien peut également apporter ou reprendre des objets comme un téléphone portable à une personne précise.» Ce projet ambitieux a débuté fin 2018. Le commandant de la gendarmerie Alain Gorka a tout de suite vu le potentiel de ce projet et a soutenu la démarche dès le début. Après des mois de préparation, le chien a été certifié en octobre 2021.

Dans un proche avenir, il est prévu que d’autres chiens de la brigade bénéficient de cet équipement, mais seulement des caméras. «Nous pourrons ainsi voir ce qu’ils voient mais ils ne recevront pas d’ordres, cela nous donnera déjà de précieuses indications sur une situation donnée, notamment lors de la fouille de bâtiments à la suite d’une effraction ou pour le déminage à distance», conclut Christophe Ehinger. Pour renforcer son savoir-faire en la matière, la brigade canine a intégré l’International Working Group Special Dogs (IWGSD), un groupe de professionnels qui se rencontrent régulièrement pour échanger des bonnes pratiques et des retours d’exercices.