Dès la fin du XVIIIe siècle, le tourisme se développe sur la Riviera. De nombreux Russes font partie des voyageurs qui se pressent dans la région de Vevey. Certes, les familles aristocratiques fournissent une importante clientèle au luxueux hôtel des Trois Couronnes, mais certains sujets du tsar s’installent durablement sur tout l’arc lémanique. Les femmes russes forment d’ailleurs le gros des bataillons féminins au sein des universités suisses, puisqu’elles n’ont pas accès à de telles formations dans leur patrie d’origine.
Evénement tragique
Face à un tel afflux, il devient urgent d’envisager la construction d’une église orthodoxe à Vevey. Un événement tragique fera tout accélérer. Le 2 octobre 1872, Barbara Orloff, fille du comte Pierre Pavlovitch Chouvalov, meurt en couches. Son enfant ne survit pas non plus. Toutes deux sont enterrées dans le cimetière Saint-Martin, non loin du temple protestant du même nom. Soucieux d’assurer à sa défunte descendance une sépulture conforme aux prescriptions de sa religion, le comte entreprend des démarches pour faire construire un lieu de culte orthodoxe, qui sera inauguré le 15 octobre 1878.
Hélas, les autorités de Vevey n’accepteront pas le déplacement des corps dans le caveau situé derrière l’église. Il faudra attendre les années 1950 pour que le transfert soit autorisé. Vous pourrez vous recueillir sur les tombes en faisant le tour du bâtiment, juste avant d’y entrer. Une fois à l’intérieur, le décor grandiose vous laissera sans voix.
Cette balade est extraite du livre «Lieux secrets de l’histoire romande», Yannis Amaudruz, Editions Favre.