Dans les années 1880, Adolphe Gaïffe apprend la mise en vente d’une remarquable bibliothèque de plusieurs milliers d’ouvrages, constituée pour l’essentiel par Apolline Hélène Massalska, une Parisienne d’origine polonaise. Notre homme, qui est aussi propriétaire du château d’Oron, n’hésite pas une seconde et achète l’ensemble de la collection.
Depuis l’Ukraine
Un périple attend encore les livres, qui se trouvent alors au château de Brody, dans l’ouest de l’Ukraine actuelle. Ne leur faut-il pas traverser l’Europe entière en train? En mai 1883, ils parviennent enfin sur le quai de la gare d’Oron, après un voyage de plus de 1500 kilomètres.
Vingt ans plus tard, Adolphe Gaïffe meurt à Paris. Dans les années 1930, sa famille subira de plein fouet les effets de la crise économique. Daniel, le fils héritier, se retrouve dans l’impossibilité d’honorer ses dettes. Il n’a d’autre choix que de vendre une partie des ouvrages les plus précieux.
18’000 volumes
La bibliothèque n’a pourtant pas perdu de son prestige et compte aujourd’hui 18’000 volumes. Sur ce total, environ 6’000 proviennent de la collection réunie par Apolline Hélène Massalska et sa famille. Elle apparaît comme l’un des plus grands ensembles connus de littérature romanesque française, pour la période comprise entre 1775 et 1825. A Oron, dans un cadre enchanteur situé en pleine campagne vaudoise, loin des grandes villes et des centres universitaires, un château renferme donc des œuvres parisiennes parfois introuvables ailleurs. Il y aurait presque de quoi pavoiser…
Cette balade est extraite du livre «Lieux secrets de l’histoire romande», Yannis Amaudruz, Editions Favre.