Marie-Antoinette au CHUV

CHRONIQUE SATIRIQUE - Il y avait le livre rouge de Mao, le livre vert de Kadhafi. Il y a désormais le livre blanc du CHUV...

  • 123RF

    123RF

Un livre représente souvent un moyen de passer à moindres frais à la postérité. Mao Tsé-Toung, l’avait compris, lui qui avec son célèbre livre rouge endoctrine encore des millions d’enfants chinois. Kadhafi, en son temps, lui aussi avait tenté le même coup, avec un livre – vert – évidemment, tout autant dédié à sa propre gloire. Et puis, il y a LE livre blanc du CHUV. Pour à peine 154’000 francs – une paille -, l’un des plus grands hôpitaux du pays s’est auto-offert un magnifique ouvrage intitulé «Covid19 – Ondes de choc» destiné à glorifier le dévouement de ses employés durant la pandémie.

Sur le papier d’un management moderne, pyramidal et hors sol, celui que l’on apprend dans les hautes écoles - et conçu par des cadres à plus de 150'000 balles l’année -, l’idée est forcément géniale. Qui oserait refuser ce si beau bouquin sur papier glacé avec de belles images bien léchées faites «maison», un ouvrage que les si héroïques employés du CHUV pourront, une fois l’âge de l’EMS arrivé, sortir de leur tiroir pour se dire, en tremblant avec des trémolos dans la voix: «j’y étais!».

Etonnamment, le CHUV d’en bas n’a pas aimé cette initiative du CHUV d’en haut. Car ces ingrates petites mains sous pression et perpétuellement au bord du burn-out ont eu le désagréable sentiment qu’on se foutait de leur gueule, tant le livre blanc de Philippe Eckert leur a semblé décalé, déphasé, à mille lieues de leurs préoccupations quotidiennes, sonnantes et trébuchantes, et d’une si indécente cupidité. Marie-Antoinette l’Autrichienne n’est pas morte, son âme survit et sévit au CHUV, et au peuple affamé on a offert, non plus de la brioche, mais un livre.

Avec des images bien sûr, car, sait-on jamais, les gueux d’en bas ne savent peut-être pas lire…