Lors d’une manipulation malheureuse, un soldat met par accident le feu à une boîte de cartouches.
Les tuiles des maisons voisines tournoient dans les airs avant de se briser au sol. Une atmosphère de fin du monde se dégage. Alors que des détonations se font encore entendre, des parents épouvantés partent à la recherche de leurs enfants: sont-ils seulement encore en vie? Comment le savoir? Toute la population s’affole dans les rues.
Mais que s’est-il passé au juste? Un mois avant la catastrophe, 87’000 soldats français de l’armée de l’Est obtiennent l’asile en Suisse, dans les derniers jours de la guerre franco-allemande. Peut-être les connaissez-vous sous le nom de «Bourbakis», en référence à leur général. Rapidement, le Conseil fédéral décide de les répartir à travers toute la Suisse. 780 combattants trouvent ainsi refuge à Morges. Parmi eux, quelques-uns sont chargés de désamorcer les munitions de l’arsenal.
Manipulation malheureuse
Lors d’une manipulation malheureuse, un soldat met par accident le feu à une boîte de cartouches. Deux mille caisses de poudre finiront par exploser. Depuis Lausanne, on aperçoit bientôt une épaisse fumée noire qui s’élève vers le ciel. Ce jour-là, 26 personnes – pour la plupart des réfugiés français – perdent la vie.
Le dimanche 5 mars, Morges voit affluer une foule considérable, venue rendre hommage aux défunts. Le moment est solennel. Selon la presse de l’époque, le cimetière se révèle trop petit pour accueillir toute l’assistance. Non loin du château, dans le parc de l’Indépendance, un monument entretient aujourd’hui encore la mémoire des victimes de l’explosion. Yannis Amaudruz
Ces chroniques sont tirées du blogue Helvetia Historica, consacré à l’histoire et au patrimoine de la Suisse. www.helvetiahistorica.org