«Le gamin et l'idole», un regard tendre sur le football d’antan

NOSTALGIE • Publié aux éditions Favre, «Le gamin et l’idole» est cosigné par Christophe Vauthey, diplomate passionné de foot, et Erich Burgener, gardien de but mythique du Lausanne-Sport. Interview croisée.

  • Une amitié inébranlable lie Erich Burgener (à gauche) et Christophe Vauthey. CA

    Une amitié inébranlable lie Erich Burgener (à gauche) et Christophe Vauthey. CA

Lausanne Cités: Erich Burgener, le footballeur, Christophe Vauthey le diplomate… Comment vous êtes-vous rencontrés?

Christophe Vauthey: J’étais en poste au Brésil quand un ami de mon père m’a proposé de rencontrer des personnes qui devaient y venir. Quelle ne fut pas ma surprise d’y découvrir le nom de mon idole d’enfance… C’était en 2014 et c’est comme ça qu’est née notre amitié…

D’où vient l’idée de ce livre?

Christophe Vauthey: C’était pendant le confinement, une période où pour la première fois, le présent et le futur se vivaient sous le sceau de la peur… Dans ces cas-là, on se rattache au passé, aux personnalités qui décédaient les unes après les autres. Et là, j’ai pris conscience que ma première idole, c’était un ami, qu’il était encore en vie et que c’était Erich, que devenir pote avec l’idole de son enfance c’était quelque chose de fou qui méritait bien un livre. Ce projet, je ne l’aurais fait pour personne d’autre. C’était avec lui ou personne.

Erich vous avez accepté le principe de ce livre, alors qu’une biographie vous a déjà été consacrée…

Erich Burgener: Justement, ce qui m’a le plus séduit, c’est que ce n’était pas une biographie, mais un récit qui croisait dans un même livre les regards d’un gamin passionné et de son idole sur une époque très particulière du foot suisse.

Christophe Vauthey: Nous avons essayé de suivre un fil conducteur chronologique sur diverses époques, mais ce livre est aussi une histoire de vies, au pluriel, car il y a celle d’Erich, la mienne mais aussi celle de mon père et de mon oncle qui m’ont transmis leur passion du foot et du Lausanne-Sport…

A vous lire, on vous sent habité par une passion bien plus fébrile que celle d’Erich…

Christophe Vauthey: Ah ça oui, le foot et le Lausanne-Sport étaient ma raison de vivre. Si le LS perdait un match c’était la fin du monde pour moi (rires).

Cette époque aujourd’hui est définitivement révolue…

Christophe Vauthey: C’est vrai je suis très mélancolique de cette période romantique du football car on y trouvait des histoires très fortes comme celle qui liait Erich au LS et que l’on ne voit plus dans le foot d’aujourd’hui….

Erich Burgener: Avant, on appartenait à un club pour de bon et le club ne voulait jamais lâcher aucun joueur. C’est l’arrêt Bosman qui a tout changé. Prenez Pelé, Eusebio et d’autres, ils avaient une autre aura que Neymar…

C’était une autre époque…

Erich Burgener: Si je jouais aujourd’hui, je ferais comme tout le monde même si j’ai du mal à accepter qu’un joueur change quatre fois de club en six ou sept ans. Même si c’est toujours le jeu qui m’intéresse et on voit encore du très très bon foot aujourd’hui, des gestes magnifiques et cela me suffit.

Quel regard portez-vous sur le Lausanne-Sport d’aujourd’hui?

Erich Burgener: Il reste dans mon cœur car il a permis à quelqu’un comme moi qui venait du Valais, de me faire ma place au soleil. Chaque fois que je vois l’insigne du LS j’ai toujours des frissons dans le dos.

Christophe Vauthey: La faillite de 2003 a été pour moi une rupture. Je regarde toujours les résultats mais cela ne me sublime plus comme par le passé. Mais la flamme ne demande qu’à être ravivée…

Une séance de dédicace est prévue le samedi 12 novembre à la Fnac de Lausanne dès 15h30 en présence des deux auteurs.

Un gamin, une idole, deux hommes…

Dans le regard du premier luit encore l’admiration de l’enfant pour son idole et la nostalgie d’un passé révolu. Dans le regard du second, la tendresse et la reconnaissance que l’on voue à tous ces enfants que l’on a su faire vibrer dans l’enceinte d’un stade. «Le gamin est l’idole» est la rencontre de ces deux mémoires qui ont su croiser avec affection et sincérité leurs regards sur les plus grandes métamorphoses vécues par le sport suisse ces 40 dernières années. Le gamin a grandi, l’idole a vieilli, le football a bien changé mais la magie demeure…