«Le Chat a un côté gros patapouf qui fait marrer les enfants»

HUMOUR • Un irrésistible recueil en librairie, une exposition en plein air à Genève, deux belles occasions de rencontrer Philippe Geluck. Le père du Chat ne manque jamais une occasion de rappeler son amour immodéré de l’humour décalé. Interview.

  • VINCENT HOFER

    VINCENT HOFER

Lausanne Cités: Vous venez de sortir «Les Mots du Chat», un recueil du Chat sans le Chat. Pour quelles raisons?
Philippe Geluck: Pour pouvoir y mettre plus de conneries! Il y a 500 gags dedans au lieu de 100 dans un album classique!

C’est vrai que l’animal prend de la place… il a toujours été aussi rondouillard?
Non, au début je le dessinais même un peu maigrichon. Il s’est empâté, à force. Et puis son physique de Bouddha, ça lui donne un air plus doux.

Ce qui frappe à la lecture des «Mots du Chat», c’est le côté multigénérationnel. Des enfants, des adultes, des aînés, vont rire, mais pas forcément aux mêmes gags.
Parfois des enfants m’arrêtent dans la rue pour me dire qu’ils adorent le Chat. Bon il a un côté gros patapouf qui les fait marrer… mais qu’ils rient aux gags écrits, c’est formidable!

Par exemple: «Un glaçon c’est de l’eau qui a appris à nager»...
Oui! Ça fait travailler leur imaginaire! Et ça les fait marrer! Mais pour revenir à ce regard décalé, ce n’est pas quelque chose de calculé à l’avance. Je vois venir le truc comique. Par exemple, une fois, j’avais détourné une gravure de Pétain que j’avais trouvée dans le Larousse. Je lui avais rajouté des aiguilles et un bout de tissu, et en légende, j’avais indiqué: «Pétain coud».

Finalement, le Chat a un peu occulté tout ce que vous avez fait d’autre. Ça ne vous gêne pas un peu?
Non, cela me rend très heureux. J’ai fait tellement de choses avec cet animal! Même une exposition de bronzes monumentaux. Et puis à côté, j’ai fait des émissions jeunesse pendant très longtemps à la télévision en Belgique, dont toute une génération me parle encore. J’ai fait des CD, de la radio avec le Docteur G, beaucoup d’émissions de bandes à la radio ou à la télé, du théâtre aussi …

Justement, vous exposez Le Chat avec des sculptures monumentales réparties dans Genève, du 19 février au 24 avril. L’animal a dû couler pas mal de bronzes pour ce projet...
Alors ça c’est malin. 20 sculptures en bronze de 2,70 mètres de haut effectivement! Je fais de la sculpture depuis l’âge de 16-17 ans. Pour cette exposition, je fais les modèles en terre glaise, avec un squelette métallique bien sûr, d’une taille de 50 centimètres de haut. Puis, elles sont réalisées en taille réelle et en bronze.

Vous avez tissé des liens étroits avec la Suisse…
Oui! J’ai dessiné pendant 25 ans dans L’Illustré, et quand j’étais comédien, j’ai joué des spectacles au Théâtre Boulimie, à la Comédie Saint-Gervais à Genève, notamment.

Vous avez effectivement commencé sur les planches. Qu’est-ce qui vous empêche d’y retourner?
C’est ma femme! J’ai même d’ailleurs fait un one man show en 2011-2012, pour aider des potes qui avaient un théâtre en difficulté. Je me suis beaucoup amusé, j’ai pris mon pied, toutes les dates étaient sold out, mais je ne voyais plus du tout ma famille!

Quand on lit Le Chat, on est frappé par ce regard décalé, ce jeu permanent avec la réalité, cette ironie douce et absurde. Cela vous vient d’où?
Je crois que j’ai ça naturellement. Même quand je suis en impro, ou sur un plateau de télé ou de radio, je vais essayer d’aborder les choses en biais, autrement, sous un autre angle. Je tords le truc jusqu’à ce que ça devienne drôle. Mais je n’ai pas de recettes, ça vient comme ça. Ça doit être un truc de Belges. Beaucoup d’artistes belges ont cet axe décalé.

«Le chat déambule», du 19 février au 24 avril. Quai Wilson, Genève.