Jeux olympiques, jeux de dupes

Les Jeux olympiques sont rarement rentables, pour ne pas dire jamais. Seuls des gouvernements autoritaires peuvent désormais en assumer le coût politique et le coût financier.

Place aux Jeux! Oublions durant cette trêve olympique les sujets qui fâchent tant le pays hôte: les droits humains, l’environnement ou les coûts toujours plus exorbitants de ces raouts. Que ce soit ici ou ailleurs, les fameuses retombées économiques sont brandies comme l’argument numéro un. Un argument qui relève pourtant plus de la légende que de la réalité.

De nombreuses études soulignent que les grandes compétitions sportives internationales sont rarement bénéficiaires ou créatrices d’emplois durables. Sans parler des budgets jamais respectés. Des chercheurs de l’Université d’Oxford estiment que ceux des Jeux organisés depuis 1960 ont été dépassés en moyenne de 172%. Mais alors, pourquoi continue-t-on à s’engager dans de tels événements? La réponse ne se trouve ni sur le terrain économique, ni même sur celui du sport. Il s’agit surtout de politique et de fierté nationale. Et s’il est effectivement question d’argent, cela ne concerne que quelques nantis.

En 2016, le vénérable Journal of Economic Perspectives livrait une analyse sans fard: lorsqu’un gouvernement n’est pas responsable devant ses électeurs, il a toute latitude pour engager des «dépenses inutiles pour enrichir un petit groupe d’industriels privés». Que les JO de Pékin en 2008 ou ceux de Sotchi en 2014 aient été les plus coûteux (respectivement 45 et 51 milliards de dollars) n’est qu’un malheureux hasard. Décidément, l’important n’est pas de gagner mais bien de participer. Vivement la Coupe du Monde au Qatar!