Le Pointu, entre branchitude très brooklynienne et café du coin

Lausanne Cités partage avec vous ses coups de coeur pour des lieux emblématiques lausannois.  Cette semaine, le Pointu, où époques et styles s’entremêlent avec spontanéité.

  • THOMAS LECUYER

    THOMAS LéCUYER

New York a son Empire State et Lausanne sa Tour Bel-Air. Et si la Big Apple a son Flat Iron Building, alors la capitale vaudoise a son Pointu. L’immeuble au pied de l’église du Valentin, classé aux monuments historiques et propriété de la commune depuis 1972, abritait jusqu’en 2014 une brasserie bien connue, «Le Lavaux», avant de dévoiler les larges vitres de son café éponyme, né en 2016 sous l’impulsion de six alumni de l’Ecole Hôtelière. L’adresse se dresse tel un pont suspendu entre une branchitude très brooklynienne et un rôle de café du coin, enfin de l’angle , bien entretenu. Comme à New York, il y a des brunchs gargantuesques, un cheesecake envoûtant, des salades maison responsables, des barristas inspirés à la barbe soignée, des serveuses en salopette et petit chapeau melon, une déco rétro-industrielle du plus bel effet. Comme dans une pinte lausannoise, il y a les vins du Lavaux, des planchettes apéros, les voisins, le journal, et les croissants du matin. Et comme un hommage, l’ancienne enseigne est exposée aux murs, entre deux expos d’artistes locaux. Quand je demande à Françoise, qui habite le quartier depuis plus de vingt-cinq ans, si c’était mieux avant, elle me dit «Mais non! J’allais au Lavaux, mais j’ai rajeuni avec le lieu ! Puis j’ai découvert les toasts à l’avocat!». Juste à côté d’elle, deux étudiantes approuvent et renchérissent: «il faut venir le dimanche, goûter les french toasts !». Ici, les époques et les styles s’entremêlent avec spontanéité, entre le pain perdu de ma grand-mère et les avocado toasts d’instagrameuses. Le long de la grande table en bois posée au milieu de la lumineuse pièce idoine, on se croise le matin puis en afterwork, on vient travailler en journée, on lunche à la pause, on se retape le dimanche façon comfort food. Le café du coin, enfin, de l’angle, est devenu un lieu multi-usages, salle des fêtes, de réveil, de repos, de travail, de rencontres, refuge stutentatoire du dimanche, et bel écrin d’apéros.