Le Kiosque Saint-François, un doux parfum d'antan

Chaque semaine, Lausanne Cités vous propose son coup de coeur pour un lieu emblématique de Lausanne. Aujourd'hui, le Kiosque Saint-François, son âge vénérable, ses boiseries désuètes, sa mosaïque au sol et son charme fou.

  • THOMAS LéCUYER

    THOMAS LéCUYER

Construit en 1913, cette salle d’attente des transports publics lausannois, rénovée en 2012, est depuis un café plein du charme rétro de ses boiseries et de sa mosaïque au sol, toutes deux admirablement restaurées, tout comme les moulures au plafond et les bancs d’époque. L’ancien guichet fait maintenant office de comptoir, et les millenials ont remplacé les voyageurs. Léo a la vingtaine, il est habillé tout en noir, son bonnet est noir, son casque audio sans fil est noir, ses sneakers sont noires, son Mac est noir. Léo fait des études de graphisme, et boit du thé avec ses amies, dans une posture prête à être instagramée. De l’autre côté de l’église, juste en face de la place, il y a le géant du café servi dans des gobelets à ton nom mal écrit d’un gros trait de marqueur, un café pas très bon d’ailleurs, qu’on camoufle sous de la canelle et de la chantilly. Le Kiosque Saint-François fait office de petit poucet centenaire face à l’ogre américain, mais il s’en sort plutôt bien. Léo rit quand je lui en parle. «Franchement ça n’a aucun sens d’aller en face! Ni écologique, ni économique, ni pour le style. Ici, tout est mieux.» Juste à côté, une jeune fille particulièrement bien habillée, longue robe de feuilles d’automne et petit béret parisien, pose pour un selfie. Le Kiosque Saint-François est sans aucun doute une «place to be» malgré son âge vénérable. Et il y a de bonnes raisons. D’abord, ici, le café est bon. Et une vie sans bon café, est-ce vraiment envisageable? Non. Et puis l’ambiance y est naturellement chaleureuse, ouverte sur le monde, ça brasse, ça passe, c’est très lumineux. On y diffuse une surprenante musique latine, qui réchauffe un peu l’atmosphère de cet après-midi d’automne. Et c’est beau, je veux dire sincèrement beau, pas d’une beauté de catalogue désignée à la chaîne par un cabinet d’archi à base d’une série de mots-clés issue d’une étude marketing pour clonage à l’infini dans toutes les villes du monde de plus de cent mille habitants. Si on ne prend plus le tramway au kiosque Saint-François, on peut tout de même toujours voyager, mais dans le temps cette fois, en aller-simple pour l’Art Nouveau, sans oublier toutefois de poster quelques images sur nos réseaux.