Avec son carrelage, ses grands luminaires et ses miroirs art déco, le Da Carlo propose un aller simple pour le Little Italy des films de Scorsese, et si possible dans une de leurs Little Ferrari exposées tout au long du restaurant. Le staff vous expliquera volontiers dans un accent italien volubile que c’est quand même moins cher de collectionner les Ferrari miniatures que les vraies, moins soupçonneux pour les impôts, et joli quand même.
Ici, on vous salue à grands coups de « Dottore », et on s’attend toujours à être servi par Joe Pesci. Ici, il y a une salle de jeux pour les enfants et un formidable Brunello di Montalcino pour les parents. Ici, quand on vous sert un café gourmand, il est vraiment gourmand. Ici, on sert tard, et avec humour, ce qui fait de l’endroit un des rares restaurants où l’on peut encore manger bon et bien après 23 heures. De fait, nombre d’artistes de passage à Lausanne, mais aussi nombre de leurs spectateurs, profitent ainsi, une fois la représentation ou le concert fini, de l’impeccable pizza à la scamorza fumée, du fin foie de veau à la vénitienne, des légendaires tagliatelles al telefono ou du majestueux risotto flambé dans sa meule de grana panado. Le restaurant est aussi une oasis roborative pour noctambules en échauffement, et la salle ne désemplit jamais les soirs de fin de semaine: une bonne assiette de pâtes est toujours nécessaire avant un marathon en discothèque. Au Da Carlo, on a l’impression que rien n’a changé depuis des décennies, ce qui donne un côté rassurant et familier à l’endroit ouvert depuis 1950, qui s’appelait à l’époque Le Dôme. Loin des modes qui s’évaporent, l’institution lausannoise de la cuisine italienne garde son cap traditionnel et généreux, comme un phare dans l’océan des tendances aussi éphémères que standardisées.