Quand ça commence par un sourire, c’est que ça commence bien. Avant de découvrir le menu, il faut déjà jeter un œil aux sets de table irrésistibles du Café Saint Pierre: entre les cuvées de bière municipales aux noms improbables et leur goût prononcé pour les calembours distillés, du genre «Persona Non Grappa», on commence ici par se détendre les zygomatiques avant de se faire saliver les papilles sous les appels du pied du chef étoilé fraichement débarqué dans les lieux, Guillaume Rainex, ancien d’Anne Sophie Pic et créateur de L’Eligo au Rôtillon. Sous le plafond industriel et le regard allumé de Charles Bukowski la clope au bec, la carte simple et précise décline des classiques avec une pointe d’inattendu, comme le hamburger d’agneau vaudois, l’araignée de veau snackée ou la tatin et sa chantilly aux fèves de tonka.
Dans la rue qui porte son nom, à moins que ce ne soit l’inverse, le Saint Pierre bat ainsi la cadence de la vie urbaine lausannoise depuis dix ans, emmenant tout le monde dans sa danse. Une boum de la St-Nicolas pour les enfants un mercredi après-midi, les mythiques jeudredis comme une bande annonce du week-end, des blind test mémorables qui transforment l’heure de l’apéro en compé tition aussi acharnée que bon enfant, une terrasse chalet de Noël pour les Fêtes, des brunchs dominicaux pantagruéliques, un ballet de tapas imaginatifs , du music hall le dimanche et un fabuleux vin orange de Saint-Saphorin qu’il faut absolument découvrir … ici, la fièvre, c est pas que le samedi soir. Et si le petit frère du Café de Grancy a bel et bien atteint l’âge de raison, il n’a rien perdu de son grain de folie.