Le Café Romand, haut lieu du papet vaudois

Chaque semaine, Lausanne Cités vous fait part de son coup de coeur pour un lieu emblématique lausannois. Aujourd'hui, le mythique Café Romand.

  • THOMAS LéCUYER

    THOMAS LéCUYER

C’est la rentrée au Café Romand. Un panneau annonce fièrement le retour du papet vaudois pour fêter ça. La spécialité est érigée en art de vivre dans cette pinte lausannoise, depuis 1951, à tel point que c’est même le mot de passe du wifi ! Dans la vaste salle, les nombreuses boiseries donnent le ton des couleurs de l’automne qui s’annonce. C’est le matin, un premier matin pluvieux et frileux depuis des semaines, comme un crépuscule estival qui nous mettrait en garde: attention voilà les frimas! Au fond du café, un homme lit son journal en sirotant une Ovo, ses lunettes en équilibre sur la pointe de son nez, menaçant à tout instant de tomber dans le liquide typique. Ici, tout est typique, d’ailleurs le monsieur est aussi lausannois, depuis 1943! Une poignée de Japonais semble s’émerveiller de tout. Ils prennent des photos, je me faufile derrière eux (car je dois moi aussi prendre une photo pour illustrer l’article). Je passe pour un touriste. C’est sûr, de toutes façons, j’ai pas l’air typique, mon accent français me trahit encore parfois, malgré mes onze années de vie lausannoise, et mes deux années à Porrentruy. Comme les Japonais, la gastronomie vaudoise a longtemps été pour moi un terrain d’aventures et de découvertes: le papet, la salée au sucre, les croûtes, les saucisses à rôtir, la raisinée. Mais bon sang, la carte des mets de tradition affiche tant d’autres choses propres à flatter les palais que la fondue (au demeurant toujours délicieuse ici)! C’est l’heure du café, mais mon estomac gronde déjà à la lecture de ces propositions. Ici, la carte, en train de se faire relier par une serveuse appliquée, se dévore comme un roman, juste après avoir parcouru celui de l’histoire du lieu. Les touristes nippons découvrent la salée au sucre. Je frime avec mes trois mots de japonais. «Konichiwa» (Bonjour), «Oishi?» (Délicieux?). En fait, avec mes deux mots de japonais. Je me lance dans le périlleux exercice qui consiste à tenter de leur expliquer le concept de la salée au sucre en anglais. Salted sugared ou sugared salted?