Après les années troublées de la révolution égyptienne de 2011, le tourisme reprend des couleurs. Le Nil s’anime à nouveau de croisières. Et l’une des façons les plus originales de le parcourir, c’est à bord d’une dahabiya, soit une felouque équipée de deux voiles romaines. Une telle embarcation présente l’avantage, outre son côté privatif, de se situer au niveau des flots ou presque et donc de permettre à ses passagers de ressentir à la fois la magie et l’importance de ce fleuve nourricier par excellence.
Le périple commence à Louxor et son fabuleux temple, qui fut, en son temps, arrimé à celui, tout aussi grandiose, de Karnak, aux colonnes impressionnantes. Le voyage se termine à Assouan, 150 kilomètres plus en amont.
Sur l’autre rive, certaines tombes de la vallée des rois présentent des fresques intactes, alors qu’elles ont été peintes voici trois mille ans…
Edfou, sorti des sables
Durant cinq jours exceptionnels de navigation, le bateau s’engage dans de captivantes manœuvres pour franchir l’écluse d’Esna, avant d’atteindre les sites d’Edfou, en honneur au dieu Horus, et de Kôm Ombo (attenant au cours d’eau) qui dévoilent leurs mystères. Le premier, qui a longtemps été totalement enfoui sous les sables, est le mieux conservé du pays.
Sur l’île de Philae, des rochers granitiques arrondis forment un paysage romantique, qui a inspiré les poètes du XIXe siècle. Fasciné par l’endroit, l’empereur romain Hadrien est venu s’y initier aux secrets de la déesse Isis.
Le soleil deux fois l’an
On terminera en majesté par les colosses du temple principal d’Abou Simbel, qui admirent ou gardent le lac Nasser. C’est selon l’interprétation. Il a fallu un siècle pour désensabler le monument orienté vers l’est. A l’origine, lorsqu’il se trouvait quelques dizaines de mètres plus bas, le soleil illuminait l’intérieur le 21 février et le 21 octobre. Depuis qu’il a pris de la hauteur «décalée» – un travail de titan réalisé dans les années 1960 –, l’événement se produit le 22 février et le 22 octobre.
Ces sanctuaires de la culture universelle se visitent désormais sans les grappes de touristes d’antan. De quoi apprécier encore davantage leur parfum d’éternité.