«Je pense, honnêtement, que c’est le plus beau spectacle que la nature puisse donner à voir», déclarait récemment l’astronaute français Thomas Pesquet, en direct de la Station spatiale internationale (ISS). Il faisait allusion à des aurores australes, donc produites au pôle Sud de la Terre. Pour photographier leur équivalent boréal – et à défaut de disposer d’un tel perchoir – les pays nordiques offrent un point de vue idéal.
Une légende lapone prétend que l’aurore boréale serait une traînée d’étincelles soulevée par le passage de la queue d’un renard sur les crêtes enneigées. De récentes études avancent des explications plus scientifiques (lire encadré).
Engouement nordique
Les Suisses ont beau jouir d’un superbe domaine hivernal, ils sont de plus en plus nombreux à aller goûter aux beautés du Cercle polaire. Leur spécificité tient autant à l’originalité des infrastructures qu’à la pureté d’un environnement où rennes et chiens de traîneaux font figure de stars. Sous ces latitudes, c’est d’abord la nature qui gouverne. Les locaux s’appliquent à la respecter et à vivre en harmonie avec elle. Le paysage inclut aussi bien des plaines neigeuses, des monts et des forêts qu’un espace marin glacial… un cadre de vie admirable, mais exigeant. Il a façonné les mentalités des hommes qui ont dû – autant qu’ils le pouvaient – apprivoiser les forces élémentaires et déployer des trésors d’ingéniosité pour tirer parti de ressources souvent limitées.
Frilosités
L’hiver est propice à l’exploration de ces vastes espaces où l’on peut dormir dans des hôtels de neige et de glace. Cette perspective pourrait décourager les tempéraments frileux. Heureusement, ces établissements sont bien conçus pour garantir un confort douillet. Les vêtements fournis par les organisateurs des expéditions constituent la plus efficace des protections (nanti d’un tel équipement thermique, on peine à imaginer le contraste estival, lorsque les pêcheurs se retrouvent ici par 25° à 30° pour taquiner la truite).
Les guides s’entendent pour faire crépiter un feu de bois à même la neige, le temps de griller quelques saucisses et faire sauter des crêpes sur leur poêle de trappeur. La théière fume encore sur les tisons tandis qu’à deux pas, un renne sauvage vient fouir le tapis blanc à la recherche d’un hypothétique lichen.