A Abu Dhabi, un Louvre d’Orient en plein désert

Inséré dans un écrin futuriste à Abu Dhabi, le musée présente de manière originale des pièces rares. Installé sur une île, il est l’un des atouts de l’émirat.

Les touristes ont de la chance: la concurrence que se livrent les cités des Emirats arabes unis leur vaut une débauche d’efforts pour les attirer. Dubaï a annoncé vouloir devenir la première destination du monde, en passant de 10 millions de visiteurs en 2012 à 20 millions en 2020. Hongkong fait mieux, pour le moment. Abu Dhabi en a accueilli pas loin de 5 millions et son objectif dans les deux ans est d’atteindre 8,5 millions. Le Louvre, ouvert en novembre 2016, a pu se féliciter d’avoir enregistré un million d’entrées après un an.

L’audace sans limites

Le désert n’est jamais loin. La mer non plus! L’architecte Jean Nouvel a conçu une bâtisse extraordinaire, dont la pièce maîtresse est une coupole constituée de huit couches de formes étoilées entrelacées. La lumière du soleil, dont l’émirat n’est pas avare, joue toute la journée l’animatrice du lieu, en se glissant par les interstices pour faire office d’éclairagiste inventif. Ce dôme n’est qu’une des caractéristiques visuelles marquantes, de nombreux bâtiments blancs se suivent pour créer une sorte de médina culturelle. La construction a été réalisée sur l’île de Saadiyat (l’«île du bonheur»), qui accueille aussi le Musée Cheikh Zayed National, le Guggenheim Abu Dhabi, des hôtels et d’autres lieux culturels.

La collaboration avec le Louvre parisien est inédite. Elle aboutit à une présentation originale des collections. Certaines sont propriété de l’établissement local, d’autres proviennent de prêts, d’un échange constant entre les 12 institutions participant à l’aventure et celle de l’émirat (outre le Musée du Louvre, on y voit celui d’Orsay, celui du quai Branly, le Centre Pompidou, le Musée Rodin, etc.). L’accord court sur trente ans, et prévoit chaque année des expositions temporaires en même temps que le prêt d’œuvres et une collaboration pour que les Emiratis constituent leur propre collection.

Comme d’autres, le Louvre Abu Dhabi n’a rien de figé. De plus, la manière d’exposer suscite un intérêt différent de celle que l’on observe habituellement, où ce sont les époques qui se succèdent. Là, on a affaire à des thématiques qui entrecroisent les périodes et les traditions. Cela ouvre des perspectives et montre que des artistes très éloignés pouvaient avoir des inspirations curieusement concomitantes. 