Sortie cinéma: «Terrible Jungle» ou la french touch de la blague

«Terrible Jungle» est l'incarnation de l’humour à la française, c’est celui de Jean Yanne, Pierre Desproges, Sempé, René Goscinny, ou encore Les Nuls.

Existe-t-il un humour français? Evidemment, et la formidable comédie «Terrible Jungle» en est un exemple parfait.

A VOIR- Terrible jungle
On parle souvent de l’humour anglais, mais existe-t-il un humour français? Evidemment, et la formidable comédie «Terrible Jungle» en est un exemple parfait. L’humour à la française, c’est celui de Jean Yanne, Pierre Desproges, Sempé. René Goscinny, Les Nuls, un mélange de vannes de sales gosses et d’irrévérence sociale et politique, un sens aigu du verbe conjugué au plaisir du calembour enlevé, une tentation de l’absurde qui peut aller de la digression poétique au gag potache en passant par l’humour très noir. «Terrible Jungle» est dans ce cas le magnifique porte-drapeau de cette french touch de la blague, avec son casting extraordinairement classieux (Catherine Deneuve + Vincent Dedienne), ses digressions délicieuses, ses dialogues savoureux, et quelques moments parodiques qui valent leur pesant de pépites d’or. Une bonne comédie, c’est assurément celle dont on se souvient des scènes cultes en rigolant fort. Ici, entre autres, les séquences irrésistibles avec les militaires, la scène de préparation de la drogue, la voix off qui parodie goulûment «Apocalypse Now» et «Aguirre la colère de Dieu». Un régal!

A EVITER - The roads not taken
Leo a plusieurs vies dans sa tête et végète dans son appartement new-yorkais, préférant penser à toutes ces vies imaginaires, celles qu’il aurait pu avoir, et celles qu’il n’a jamais eues, au détour des hasards, des désirs, des rencontres et des choix de sa vie. Il est tellement perdu dans les circonvolutions de son esprit qu’il en a même oublié le prénom de sa fille, qui essaye tant bien que mal de ramener son père vers les rives de la réalité. On dirait un peu le script d’un Lelouch, ou du magnifique «Mr Nobody» de Jaco Von Dormael, sorti en 2009, sauf que Sally Potter s’emmêle les pinceaux à trop vouloir perdre ses personnages et ses spectateurs dans les frontières d’une vie réelle et d’autres imaginaires. Le film souffre d’une inertie conséquente, personne ne sait vraiment où il va, et les enjeux paraissent flous, empêtrés dans un mysticisme de surface. Javier Bardem a l’air aussi perdu que son personnage dans ce film confus et compliqué, que même la jolie présence d’Elle Fanning n’arrive pas à éclaircir.