Emma au cinéma, une fantaisie anglaise, sucrée et acidulée

Que voir à la télévision et au cinéma cette semaine? Notre chroniqueur vous propose sa sélection, comme toujours tendre, percutante et sans concessions.

Emma, un film qui se déguste comme un délicieux sponge cake léger et coloré à l’heure du thé.

 

A VOIR

Emma au cinéma
Cette fantaisie anglaise, sucrée et acidulée, adaptée du roman éponyme de Jane Austen sorti sous anonymat en 1815, se déguste comme un délicieux sponge cake léger et coloré à l’heure du thé : du bout des doigts et des lèvres, avec des petits gloussements de satisfaction à chaque bouchée. C’est léger, exquis, subtil, et plein de saveurs. Les costumes, les décors et la mise en scène sont un ravissement, les acteurs et actrices extrêmement bien choisis (Le merveilleux Bill Nighy !), et chaque dialogue est taillé au millimètre, comme un gazon anglais arrosé de la douce ironie et du sens de l’observation légendaire de l’autrice à l’égard de ses contemporains. Si l’œuvre originale date de 1815, certaines de ses thématiques, comme le poids des apparences et des rumeurs, la vacuité banale du quotidien, l’importance, parfois exagérée, du réseau social (devenu depuis « les réseaux sociaux »), sont encore d’une mordante actualité, avec cette jeune héroïne, Emma Woodhouse, libre, riche, futile et indépendante, précurseuse pré-victorienne des influenceuses de notre temps.

 

 

Lolo, dimanche 21 juin, 21h05, France 2

Après avoir touché à la comédie d’auteur 100 % labellisée « cinéma indépendant américain » comme « 2 Days in Paris » et « 2 Days in New York », la réalisatrice et actrice française Julie Delpy ose la comédie populaire et caste même Dany Boon pour l’occasion ! On aurait pu craindre le pire, mais il n’en est rien, car Dany Boon, à l’instar de Franck Dubosc, cache de vrais talents d'acteurs quand il arrête d'en faire des tonnes.  Et force est de constater qu’il est bon, le ch'ti, dans cette comédie branchée et réussie qui raconte les déboires d'une mère 100 % parisienne pour se trouver un mec alors même que son fils ado n'a pas vraiment réglé son Oedipe. L'essentiel du ressort comique tient sur l'effet tandem Vincent Lacoste / Dany Boon et c'est assez efficace !

 

 

A EVITER

J’y crois encore, au cinéma

Adapté de l’histoire vraie du chanteur de rock chrétien Jeremy Camp, qui est une véritable star outre-Atlantique avec plus de cinq millions d’albums vendus, selon le petit texte à la fin du film, juste avant les liens prosélytes vers des sites qui t’invitent à parler de (à) Dieu, cette guimauve larmoyante gavée de prêchi-prêcha mystico-religieux est considérablement indigeste. Les acteurs et actrices font pourtant de leur mieux, à part Shania Twain, qui a visiblement du mal à faire bouger son visage figé. Même si le film a le mérite de s’intéresser au phénomène massif du rock chrétien qui a revitalisé la foi de la jeunesse américaine, il souffre d’un cruel manque de recul sur son sujet, et on a plus l’impression d’assister à la projection d’un film promotionnel sur les vertus de la foi chrétienne qu’à un mélodrame intimiste sur un jeune couple brisé par la maladie. C’est dommage car à mon avis, le cinéma doit rester comme l’école : profondément laïc.

 

Sales Gosses, lundi 22 juin, 21h05, France 3

Le « senior » est à la mode au cinéma et pas un seul mois ne passe sans que ne sorte une petite comédie plus ou moins réussie sur le sujet. Alors il y a le haut du panier (« Tatie Danielle », ou plus récemment « Adopte un Veuf »), et puis il y a le bas du panier. Avec ses vannes éculées, sa mécanique répétitive (en gros, pendant une heure et demie, les vieux ont des comportements de jeunes, et les jeunes des comportements de vieux) et son casting tiède à peine relevé par la toujours sémillante Carmen Saura, « Sales Gosses » ne vaut le détour que pour ses jolis paysages bretons façon carte postale touristique.