Au cinéma, un superbe Dark Waters sombre et engagé

Dark Waters, est une magistrale dénonciation des abus de l'industrie pétrochimique. Quant à Lucky, seul Michaël Youn le sauve d'un naufrage programmé.

Dark Waters
Après le formidable « Richard Jewell » de Clint Eastwood sorti la semaine dernière, Hollywood continue de remettre les pendules à l’heure avec un nouveau pamphlet, cette fois contre la toute-puissance des entreprises pétrochimiques, et plus particulièrement de la plus grande d’entre elle, le groupe américain DuPont. Le cinéaste surdoué Todd Haynes livre un nouveau film d’une grande élégance formelle et au propos tout simplement bouleversant. A l’instar d’Erin Brokovich de Steven Soderbergh, mais en beaucoup plus sombre, le réalisateur retrace le combat d’un avocat, Robert Bilott, pour que le groupe DuPont reconnaisse sa responsabilité sur la pollution mortelle due aux rejets de son usine qui fabrique les poêles en Teflon que nous connaissons tous, et dénonce un empoisonnement à l’échelle mondiale sciemment orchestré par l’industriel monstrueusement avide de profits. Le casting fabuleux (Mark Ruffalo, Anne Hathaway, Tim Robbins) porte haut et fort le propos engagé de ce film passionnant qui se termine par une question glaçante: ce n’est ni le système politique, ni le système de santé, ni le système économique qui vont nous protéger. Alors qui?

Lucky
Deux potes bras cassés décident de voler un chien anti-drogue à la brigade des stups et s’associent à une flic corrompue pour écouler les trouvailles du toutou. Tentative franco-belge et foirée de comédie noire à cheval entre «Les Ripoux» et «Dikkenek», «Lucky», d’Olivier Van Hoofstadt (le réalisateur de «Dikkenek», justement) souffre d’un gros déséquilibre d’écriture et de mise en scène. Problèmes de casting et d’écriture des personnages côté flics (Florence Foresti n’est absolument pas crédible dans la peau de la flic ripou, totalement à côté de son personnage, et François Berléand, ridicule, surjoue à mort), mais aussi dans les autres situations, mal campées, mal installées, et mal conclues, comme cette nymphomane qui apparaît parfois dans des séquences très gênantes (parce que mal jouées et mal écrites) ou le personnage secondaire joué par l’humoriste Laura Laune, dont on se demande bien l’utilité (et par ailleurs lui aussi mal écrit et mal joué). Les quelques bonnes idées ne sont jamais ou alors rarement exploitées, et Alban Ivanov joue toujours la même partition depuis maintenant une bonne dizaine de films. Ça commence à devenir lassant. Le seul à tirer son épingle du jeu, c’est Michaël Youn, qui est décidément un bon acteur, avec le chien, aussi.