Au cinéma, "Minari" ou le long chemin vers l'intégration

«Minari» est une très jolie chronique tantôt drôle, tantôt poignante de l'immigration coréenne aux USA.

A VOIR, MINARI
Une famille coréenne s’installe au cœur de la campagne américaine, dans l’Arkansas profond. Tandis que le père de famille cultive des rêves d’exploitation agricole et d’indépendance financière, l’épouse s’imagine dans une vie plus citadine et intégrée à la diaspora. Nous sommes dans les années 80, et il faut préciser que la Corée du Sud représentait 4% du flux migratoire américain entre 1961 et 1980. Dans un tableau teinté de douceur et d’émotion, le film nous raconte le long chemin de cette famille, du déracinement vers l’intégration. Portée par des acteurs très justes et des personnages très attachants (mention spéciale au petit garçon espiègle qui a un souffle au cœur et à la grand-mère badass!), «Minari» est une très jolie chronique tantôt drôle, tantôt poignante, en tous cas toujours juste et touchante. Le réalisateur Lee Isaac Chung signe un tableau humaniste et poétique, qui rappelle parfois le cinéma de Terrence Malick dans sa façon d’observer la ruralité américaine, ses épreuves et ses particularismes.

A VOIR - IN THE HEIGHTS (D'OU L'ON VIENT)
Alors attention: ça chante! Mais alors beaucoup! Cette formidable comédie musicale qui dure plus de 2h15 doit comporter au moins 1h30 de chansons! Mais quel bonheur, quelle joie, quelle énergie permanente, légère et lumineuse! Pas une seconde d’ennui et des tonnes de moments de grâce dans cette grosse production réalisée par Jon M. Chu, sur un livret signé d’un génie de la comédie musicale américaine, Lin-Manuel Miranda, le créateur de «Hamilton», l’un des plus gros succès de Broadway de ces dernières années. Faisant preuve d’une grande inventivité visuelle, le cinéaste s’affranchit littéralement de la pesanteur terrestre dans des chorégraphies aériennes aux effets visuels très réussis. Le film multiplie les tableaux époustouflants et distille sa propre énergie, très communicative, avec des morceaux qui parcourent le répertoire latino, mais aussi le R’n B, la pop, le rap et quelques balades un peu sirupeuses qu’on pardonne volontiers tant le reste est formidable. «In The heights» n’oublie pas le patrimoine et cite aussi ses classiques, comme «West Side Story» et Cole Porter. D’une manière assez surprenante, la comédie musicale livre aussi, sous sa joie simple et acidulée, un vrai propos politique sur la place de la communauté latino-américaine aux Etats-Unis. Et ça fait du sens, dans cette Amérique post-Trump, qui a dépensé des milliards à construire un mur pour bloquer l’immigration.