Au cinéma, The Hunt, un portrait au vitriol de l'Amérique

Les cinémas rouvrent timidement leurs portes et accueillent progressivement à nouveau leur public. Cette semaine notre chroniqueur Thomas Lécuyer vous recommande The Hunt, un portrait au vitriol d’une Amérique qui bascule de plus en plus dans les extrêmes.

Avec son scénario malin, son humour outrancier, «The Hunt» appuie là où ça fait mal,

AU CINEMA
A voir: The Hunt
On raconte qu’un groupe de richissimes bourgeois caricatures de bobos organise chaque année une chasse à l’homme dans un domaine privé, et s’amuse à dégommer de pauvres citoyens rednecks américains, soigneusement sélectionnés pour leurs opinions réactionnaires et complotistes. Précédé d’une réputation sulfureuse suite à sa sortie très controversée aux Etats-Unis, «The Hunt», malgré sa campagne de promotion très tape-à-l’œil, vaut le détour pour son portrait au vitriol d’une Amérique écartelée dans une lutte des classes et des opinions qui bascule de plus en plus dans les extrêmes. Avec son scénario malin, son humour outrancier et son gore de sale gosse biberonné à Sam Raimi et Peter Jackson de la grande époque, «The Hunt» appuie là où ça fait mal, et provoque la gêne autant que le rire. Un film défouloir écrit par Damon Lindelof, le génial scénariste des séries «Lost» et «The Leftovers», qui donne envie de détester tout le monde, puis de s’en moquer à grand renfort d’humour noir teinté de rouge sang.

A Eviter: Bloodshot
Pénible adaptation simpliste du comic américain du même nom, «Bloodshot», réalisé par un obscur tâcheron hollywoodien issu du jeu vidéo, semble tout droit venu d’un autre âge avec son ambiance de série B ultra-testostéronée des années 90, dopée aux effets spéciaux numériques parce qu’il faut bien faire moderne. Vin Diesel, qui incarne un soldat mort au combat et ressuscité grâce à des technologies qui l’ont en plus rendu invincible, refait son numéro de musculeux de service en incarnant une énième redoutable machine à tuer distribuant bastons, fusillades et explosifs à tire-larigot. Sans cœur ni cerveau, ce film d’action 100% bourrin voudrait rivaliser avec les meilleurs blockbusters de super-héros, mais n’en a hélas pas les moyens, avec son scénario vide de tout propos, sa mise en scène approximative et la qualité inégale de ses effets spéciaux.

A LA TELEVISION
A Voir: Wild, lundi 15 juin, 23h30, M6
Après les très réussis «The Dallas Buyers Club» et «C.R.A.Z.Y», le réalisateur canadien Jean-Marc Vallée, qui se concentre maintenant plutôt sur les séries (il en a livrées deux excellentes: « Little Big Lies» et «Sharp Objects») a signé en 2015 ce beau voyage dans les grands espaces américains, plein d’oxygène, et doublé d’une quête personnelle et d’une aventure intérieure remarquable. Inspiré d’une histoire vraie et interprété par une Reese Witherspoon, très juste, intense et hélas trop rare sur nos écrans, voici un road movie sauvage, émouvant, parfois drôle et souvent lumineux, magnifiquement mis en images et en musique.

A Eviter: Night Call, dimanche 14 juin, 22h50, France 2
Lorgnant résolument du côté du cinéma urbain de Michaël Mann et marchant maladroitement sur les plate-bandes du légendaire «Drive» en mode «hommage copiste», «Night Call» confère plus à l’ersatz qu’à l’extase. On a un héros bad boy qu’on a quand même envie d’aimer, une énième variation sur le thème «c’est beau une ville la nuit», une intrigue subversive qui veut lorgner du côté obscur, une grosse voiture, des images faussement choc et de la musique électro à tendance eighties. Ce n’est pas vraiment mauvais, juste un peu raté, et le film a du mal à trouver son rythme et son identité, notamment au cours d’une première heure synonyme d’ennui total.