Au cinéma, "Brutus vs César" assassine César une deuxième fois

Malgré les ingrédients de son fabuleux casting, "Brutus vs César" se contente d’enchaîner les séquences lourdingues et les gags approximatifs. Allez donc plutôt voir "Mon cousin", sans la moindre hésitation.

A VOIR - MON COUSIN
Jan Kounen, réalisateur culte de la french touch du cinéma français, fait son grand retour et s’attaque à la comédie après avoir flirté avec le western halluciné («Blueberry l’Expérience Interdite»), le film d’action surexcité («Dobermann»), le biopic inspiré («Coco Chanel & Igor Stravinksy»), la satire du grand capitalisme («99 Francs») et les mondes de l’esprit («D’Autres Mondes»). Comme toujours chez ce cinéaste surdoué de l’image, on retrouve son fabuleux sens du rythme et du cadre, son goût pour les plans ultra-soignés, ses escapades trippées et trippantes vers des écarts et des instants toujours surprenants, d’autant plus quand il s’agit d’une comédie populaire produite par TF1. Le coup de force du réalisateur est justement d’avoir su garder son style inimitable dans cette atmosphère de comédie grand public par ailleurs très réussie, qui propose une nouvelle variation sur la figure classique du tandem mal assorti façon Francis Veber («La Chèvre») avec un duo François Damiens et Vincent Lindon, parfaitement réglé pour l’occasion. Quel plaisir par ailleurs de retrouver Lindon dans une comédie !

A EVITER - BRUTUS VS CESAR
D’abord destiné à une exploitation en salles avant de sortir directement sur Amazon Prime pour cause de crise sanitaire, le dernier film de Kheiron, roi français du stand-up et réalisateur remarqué de «Nous Trois ou Rien» et «Mauvaises Herbes», est un ratage complet, qui tente de marcher maladroitement sur les traces des meilleures adaptations d’Astérix signées Alain Chabat et Alexandre Astier. On sent les mêmes intentions, basées sur la mécanique du film «parodique antique», avec son lot d’anachronismes, de clins d’œil, de références, de «coups de casting», de jeux de mots jusque dans les noms des Romains et des Gaulois, mais seulement voilà, l’essai n’est jamais transformé et le film se contente d’enchaîner les séquences lourdingues et les gags approximatifs. Malgré les ingrédients de son fabuleux casting (Thierry Lhermitte, Gérard Darmon, Pierre Richard, Kheiron, évidemment, et la moitié de la nouvelle génération d’humoristes français), cette potion-là n’est vraiment pas magique.