Aretha Franklin, retour en grâce cinématographique...

Pour notre chroniqueur Thomas Lécuyer, "Amazing grâce - Aretha Franklin" qui sort au cinéma cette semaine, n'est ni plus ni moins qu'une heure trente de grâce musicale. Par contre "Une sirène à Paris" n'est qu'une pâle copie de l’œuvre de Caro et Jeunet et de celle de Tim Burton.

"La restauration et la présentation de ces archives inédites nous offrent bien plus qu’un concert d’une des plus belles voix du monde"

A VOIR
Amazing grâce - Aretha Franklin
En 1972, alors au faîte de sa gloire, la diva Soul Aretha Franklin opère un retour aux sources en forme de pause spirituelle pour enregistrer un concert de cantiques religieux dans une église intimiste du quartier de Watts à Los Angeles, qui donna naissance à l’album gospel le plus vendu de tous les temps. Le concert fut filmé par le jeune cinéaste Sidney Pollack, et n’a jamais été diffusé. La restauration et la présentation de ces archives inédites nous offrent bien plus qu’un concert d’une des plus belles voix du monde dans des conditions d’écoute exceptionnelles: C’est un office religieux fiévreux et enflammé qui nous emporte au son de ses musiques gospel sacrées qui sont la source de toutes les musiques afro-américaines, avec leurs frères païens du blues. On a irrésistiblement envie de taper dans ses mains, de se lever de son siège, et de chanter avec le Southern California Community Choir, aux côtés de Mick Jagger et Charlie Watts, assis incognitos parmi les fidèles. Une heure et demie de grâce musicale, de fièvre et d’émotions propres à enflammer les âmes et les cœurs.

A EVITER
Une sirène à Paris
Artiste prolixe et protéiforme, Mathias Malzieu est fondateur et leader du groupe Dionysos, mais aussi auteur de romans et de nouvelles, et cinéaste remarqué pour son premier long-métrage, un film d’animation adapté d’une de ses histoires, «Jack et La Mécanique du Cœur», sorti en 2014. Si son imaginaire débordant de brocanteur vintage avait toute la place de s’exprimer dans un métrage animé, il se retrouve un peu étriqué dans cette première tentative de film «de chair, de décors et d’os». Le réalisateur semble avoir révisé mécaniquement l’œuvre de Caro et Jeunet et celle de Tim Burton, et nous en livre une pâle copie, jusque dans l’étalonnage des couleurs qui reprend en plus fade les tons du duo précité. Avec quatre chansons qui tournent en boucle tout au long du film et des séquences qui s’enchaînent façon clips, la magie ne prend guère, même si on ne peut douter de la sincérité de la démarche. Et puis c’est un peu gênant ce Nicolas Duvauchelle qui chante en play-back avec la voix du chanteur de Dionysos. Bref, quel dommage que cette Sirène à Paris n’ait pas été elle aussi animée!