Lausanne fait son cinéma: «Mon frère se marie» de Jean-Stéphane Bron

Chaque semaine notre chroniqueur Thomas Lécuyer vous propose un film dont Lausanne est le décor... Aujourd'hui, «Mon frère se marie» de Jean-Stéphane Bron (2006).

Vinh, réfugié boat-people, a été adopté il y a 20 ans par les Depierrat, une famille lausannoise. Parfaitement intégré à son pays d’adoption, il va bientôt se marier avec Sarah dans la plus stricte intimité pour éviter que ses parents adoptifs Claire et Michel ne se recroisent, la famille ayant éclaté depuis dix ans. Sa mère naturelle, restée au Vietnam, saisit l'occasion pour faire le voyage et rencontrer cette famille qu’elle suppose si parfaite qui a aimé et élevé son fils.

Avant de devenir un documentariste reconnu, le réalisateur et scénariste lausannois Jean-Stéphane Bron s’est essayé avec bonheur à la comédie sociale. Le film, qui passe avec délicatesse du rire aux larmes, aborde avec beaucoup de finesse de nombreux sujets sensibles. Cette famille lausannoise qui essaye de sauver les apparences et de passer pour modèle malgré de profondes déchirures enchaîne les situations tantôt particulièrement grinçantes, tantôt pleines d’émotion. Les gags sont nombreux, le regard acerbe et tendre à la fois, et la mise en scène sait tirer le meilleur parti des lieux lausannois dans lequel le film se déroule.

Preuve de son succès, un remake anglais du film est sorti en 2013, beaucoup moins réussi que l’original. Depuis, Jean-Stéphane Bron a réalisé de nombreux documentaires incontournables, comme «Cleveland contre Wall Street» (2010), «L’Opéra» (2020), «Cinq Nouvellles du Cerveau» (2021) et vient de sortir un film très touchant et lumineux sur «sa rue», la rue de l’Ale.