Déclaration d’amour aux hivers mongols

Le médecin vaudois Pascal Gertsch, qui avait mené quatre fondeurs mongols aux JOJ de Lausanne, publie un livre fascinant sur leur pays dont il est «tombé amoureux fou» en 2012. A savourer avec délectation!

  • Le médecin vaudois Pascal Gertsch est un amoureux inconditionnel de la Mongolie.

    Le médecin vaudois Pascal Gertsch est un amoureux inconditionnel de la Mongolie.

«En hiver, la transparence de l’air est envoûtante et les lumières dignes des meilleures toiles d’Hodler!»

Pascal Gertsch

«La chance sourit aux audacieux», dit-on. De l’audace, Pascal Gertsch n’en manque pas! En janvier, cet ancien quintuple champion universitaire suisse de ski de fond avait mené quatre fondeurs mongols partis de zéro jusqu’aux JOJ de Lausanne (voir LC du 22/23 janvier 2020). Et voilà que ce médecin vaudois à la retraite de 74 ans récidive dans l’édition avec «Mongolie, les chemins de l’hiver». Soit un beau livre de 376 pages et 355 magnifiques photographies en forme d’ode amoureuse à ce pays arpenté en long et en large une vingtaine de longs voyages durant depuis 2012. Le tout en «mode Ella Maillart» au volant d’un bus tout-terrain.

Ce livre, tiré à 1 100 exemplaires, a été auto-édité aux frais de l’auteur. Et ce afin de reverser le bénéfice maximum à l’association ski-club Suisse-Mongolie (ASCSUMO), qu’il a fondée et qui promeut le ski nordique là-bas. Les prestigieuses librairies Payot le distribuent en exclusivité en Suisse.

«Quand je suis allé trouver Pascal Vandenberghe, leur PDG, j’ai eu l’impression qu’il me prenait pour un énième quérulent. Mais rapidement le projet l’a séduit et il a spontanément proposé de reverser 5 francs par exemplaire vendu à notre association. J’ai failli verser une petite larme», confesse Gerstch. Le Lausannois Pascal Vandenberghe confirme «avoir voulu soutenir un projet pertinent et bien foutu d’un vrai personnage solide et convaincant ayant un magnifique travail de fond derrière lui. Et ce bien que le marché des livres de photos soit globalement aujourd’hui sinistré.» C’est, il est vrai, le second coup de maître de ce photographe amateur très éclairé après «Mongolie mon amour» paru chez Favre en 2016 puis réédité en 2018.

«Les grands espaces mongols et leur solitude, interrompue de rencontres denses et fascinantes, m’avaient happé dès mon premier voyage. En Suisse, l’immensité est toujours bornée par quelque chose. Là-bas pas! En hiver, la transparence de l’air est envoûtante et les lumières dignes des meilleures toiles d’Hodler!» explique avec gourmandise Pascal Gertsch.

A mi-chemin entre l’art et le reportage, son livre fait la part belle aux paysages: vastes plaines et reliefs saupoudrés de neige, fleuves figés par le gel, villages perdus à l’orée de la taïga… On y trouve aussi beaucoup de portraits témoignant de ces rencontres qui ont émaillé le chemin lui donnant tout son sel. Des enfants aux joues rosies par le froid et le soleil croisés dans des villages d’une zone militaire interdite, aux chamans perdus dans des volutes de fumées les connectant au monde des esprits, en passant par des femmes belles et dignes coiffées d’une toque traditionnelle en peau de loup rehaussée de perles, on y trouve de tout et surtout de quoi rêver et s’évader... Soit très exactement ce dont on a besoin en ce moment…

Photos: Pascal Gertsch

«Mongolie, les chemins de l’hiver», Editions ASCSUMO, 2020