Shana Pearson: «Il faut cultiver cette flamme que l’on a au fond de soi»

INTERVIEW • La chanteuse lausannoise d’origine américaine, Shana Pearson, vient de publier un nouvel album enregistré aux quatre coins du monde, et riche d’influences multiples. L’occasion d’une rencontre pour évoquer ses sources d’inspiration et son riche parcours artistique.

  • Au fil des années, Shana Paerson préfère la liberté artistique à la sécurité d’un contrat avec une maison de disque. DR

    Au fil des années, Shana Paerson préfère la liberté artistique à la sécurité d’un contrat avec une maison de disque. DR

Lausanne Cités: Votre nouvel album s’appelle «Ignite», qui pourrait se traduire par «enflammer» en anglais. Qu’est-ce qui vous enflamme?

Shana Pearson: C'est cette petite flamme qui est en moi, et qui brille et me réchauffe quoi qu’il arrive! Cet album, c'est vraiment plein d'émotions à la fois, qui avaient besoin de sortir, de s’exprimer. C’est parti comme une fusée, en anglais on dit d’ailleurs «the illumination of a rocket», c’est exactement ça. On a tous cette flamme au fond de soi et il faut savoir l’écouter, même si souvent la vie, les codes, les normes, veulent l’étouffer.

Vous avez passé ces deux dernières années à voyager dans le monde entier et cet album est né en mode nomade …

Chaque morceau a été écrit à un endroit différent. J'avais mon micro, ma carte son, mon Logic Pro et mon ordinateur partout avec moi. Au fur et à mesure des destinations qui m’inspiraient chacune différemment, j’écrivais, j’enregistrais. «Ignite», le dernier morceau de l’album, qui lui a d’ailleurs donné son nom, a été ainsi enregistré à Los Angeles. Le lendemain de mon arrivée, réveillée à 5h00 du matin à cause du jetlag, j'ai commencé à travailler sur ce morceau durant deux jours non-stop, dans la cuisine de la maison où j'étais et je me suis enregistrée là-bas.

Sur cet album, vous êtes auteure, compositrice et interprète?

Oui, tout à fait. Je ne compose pas seule les morceaux, je travaille avec des producteurs qui développent les titres d’après mes idées. C’est aussi un album riche en collaborations. J’ai écrit «Every step I go» dans un songwriting camp en Norvège en mars dernier et j’ai eu la grande chance de travailler avec le compositeur qui a écrit «Arcade», le morceau de Duncan Laurence qui a gagné l'Eurovision en 2019. J’étais fan de ce morceau…

Vous avez des origines américaines. Influencent-elles votre processus créatif?

Absolument! J’aime la pop et le R’N’B américain, le soin apporté à chaque détail de la production, l’envie de s’affranchir des codes, de casser les frontières. Je revendique cela, et le côté fonceur aussi, qui n’abandonne jamais!

Comment faire pour exister en tant qu’artiste indépendant en 2023? Est-ce plus simple ou plus compliqué qu’avant avec l'avènement des plateformes et des réseaux sociaux?

C'est à double tranchant. A l'époque, quand on était signé, tout avait l'air d'être plus facile. Dès le moment où la maison décidait de s'occuper de l'artiste, il y avait une machine derrière. Moi, je l'ai vécu avec le morceau que j'ai fait avec Big Ali, signé chez Universal. Dès le moment où le contrat a été signé, tout a été très rapide. Deux jours après, ils nous prenaient les billets d'avion pour aller à Miami tourner le clip! On était partout, en radio, en TV! De nos jours, c’est plus difficile de se faire signer, les majors prennent moins de risques, attendent de voir ce qui marche sur les réseaux sociaux avant d’investir, de soutenir…

Shana Pearson, «Ignite» www.iamshanapearson.com