Politique fédérale: une lenteur salutaire

ANALYSE • L’élection d’Elisabeth Baume-Schneider au Conseil fédéral a déjoué tous les pronostics. Elle a montré que notre système politique sait aussi évoluer et créer des surprises.

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Dimanche 24 septembre 1978, place de l'hôtel de Ville de Delémont, noire de monde. Aux environs de seize heures, François Lachat, président de la Constituante jurassienne, s'avance sur le perron du bâtiment et lance: «Citoyennes et citoyens, victoire!» annonçant les premiers résultats du vote sur l’entrée du Jura au sein de la Confédération. Peu après, on apprend que tous les cantons et 82% des Suisses ont plébiscité cette démarche, créant ainsi le vingt-troisième canton helvétique.

Mercredi 7 décembre 2022. Quarante-quatre ans plus tard, la sénatrice jurassienne Elisabeth Baume-Schneider est élue au Conseil fédéral. Celle dont on disait quelques jours plus tôt qu’elle n’avait aucune chance face à sa colistière bâloise Eva Herzog, déjoue tous les pronostics faisant accéder son canton au gouvernement national. Un vrai coup de tonnerre dans le landernau politique helvétique où toute élection à ce niveau, hormis quelques petites exceptions, est quasi coulée dans le bronze. Le lendemain, les chroniqueurs politiques en vont de leur analyse, soulignant que la chaleur naturelle de la Jurassienne et sa simplicité avaient fait la différence face à sa concurrente socialiste.

Fédéralisme évolutif

En portant à sa tête la représentante d’une région qui a farouchement lutté pour son indépendance, créant sans doute le plus grand séisme politique de la fin du XXe siècle en Suisse, le fédéralisme a démontré qu’il sait évoluer, s’adapter, intégrer et… créer des surprises. Avec une constante qui reste de mise, la lenteur. Cette lenteur qui parfois nous irrite, mais devrait rappeler à toutes celles et ceux qui ne vivent qu’au rythme de l’urgence, que le tout, tout de suite, n’est pas de mise dans ce pays.