Mouvement des fonctionnaires: l'étrange silence des ministres de gauche

FONCTION PUBLIQUE • Le mouvement de revendication des fonctionnaires vaudois continue d’agiter le monde politique. Et interroge sur le curieux silence des ministres de gauche du Conseil d’Etat.

  • VERISSIMO

    VERISSIMO

«Arrogance, ça suffit!», «Un boulot de fou, mais pas de sous» ou encore «Luisier, apprends à calculer». Dans le bras-de-fer engagé par la fonction publique vaudoise contre le Conseil d’Etat, les slogans fusent et les revendications sont tenaces. Au début de ce mois, pour la cinquième fois depuis décembre dernier, quelque 3000 fonctionnaires ont ainsi battu le pavé pour afficher leur mécontentement et demander une nouvelle fois une indexation pleine et entière de leur salaire. Certes, la mobilisation était en baisse, mais une chose est sûre: dans un bras-de-fer à l’avenir incertain, la fonction publique ne cède toujours pas à l’Etat.

Statu quo inacceptable

Porté par les milieux enseignants, ce mouvement revendicatif n’a, au début, pas trouvé grâce aux yeux de la population, le jugeant issu d’un milieu privilégié qui bénéficie, entre autres, d’une réelle sécurité de l’emploi. Mais l’entrée en force du secteur hospitalier dans la bagarre a changé la donne. Car chacun se souvient de son engagement durant la période Covid et des promesses non tenues à son égard. Chacun sait aussi à quelles pressions il est soumis et à quelles difficultés il doit faire face alors que ses conditions de travail ne cessent de se péjorer.

Face aux grévistes, le gouvernement, majoritairement de droite, reste droit dans ses bottes et n’entend pas revenir sur le dispositif global tel qu’il l’a présenté en décembre dernier, à savoir une enveloppe de 182 millions pour l’indexation des salaires, la lutte contre la vie chère et l’amélioration des régimes sociaux. Avant toutefois de lâcher un peu de lest en proposant une enveloppe supplémentaire destinée à l’amélioration des conditions de travail. Mais rien de plus, ce qui demeure inacceptable aux yeux des fonctionnaires comme des syndicats qui les défendent.

Un étrange silence

Le bras-de-fer est donc loin d’être terminé et constitue déjà une épreuve majeure pour un Gouvernement qu’on sent mal à l’aise et dont l’inexpérience en matière de conflit social est flagrante. Céder serait un aveu de faiblesse, mais s’entêter risque d’exacerber un peu plus encore le mécontentement et le propager a d’autres secteurs. Terrible dilemme alors que l’étrange silence des ministres de gauche commence aussi à irriter: «Rebecca et Nuria, arrêtez les dégâts!» ou encore «Vassilis sort de ton lit» pouvait-on lire sur certaines pancartes lors de cette dernière manifestation. Des slogans qui traduisent tout le désarroi et l’incompréhension des manifestants face à des élus, certes minoritaires, mais incapables d’afficher la moindre empathie. Une attitude tout simplement affligeante!