Mobilité, un vrai effet domino, l'éditorial de Charaf Abdessemed

Depuis qu’ils existent les sondages font l’unanimité. Mais sur un seul point: il est possible de leur faire dire ce que l’on veut. Le récent sondage mené par le TCS en est un exemple frappant, en montrant que les habitants de dix grandes villes dont Genève, Lausanne, Fribourg et Sion, à 66% ne veulent pas d’une généralisation des zones limitées à 30 km/h.

 Cocorico pour les pro-voitures, dénonciation des biais du sondage pour les anti-voitures, qui du reste ne se sont eux aussi jamais privés d’y avoir recours lorsqu’ils servaient leur politique. Résultat: retour à la case départ.

Alors, foin de sondages et retournons aux faits: à Lausanne, la politique anti-voitures fait le bonheur… des parkings souterrains, souvent gérés par des privés. Le témoignage du directeur de la société Inovil, Johnny Perera, qui gère les parkings de La Riponne, du Valentin et du Rôtillon est à cet égard édifiant: ces derniers connaissent une fréquention inédite, les automobilistes étant attirés par leurs prix et les conditions très avantageuses (sécurité, confort, disponibilité) dans lesquelles il est possible d’y stationner leurs véhicules (lire notre article en page 5).

Le résutat de ce constat est simple: en matière de mobilité, les décisions prises ont un tel effet domino qu’il est plus judicieux de toujours y associer en amont l’ensemble des partenaires impliqués: automobilistes donc, mais aussi parkings, commerçants, chauffeurs de taxi sans oublier les piétons, grands oubliés de la mobilité contemporaine. Alors rêvons un peu: et si la Ville, non contente de se satisfaire de ses propres sondages, organisait de véritables assises de la mobilité, histoire de parvenir à une cohabitation réellement apaisée de tous ses usagers?