"The Menu", une fable gourmande et cruelle

Aucune fausse note dans «The Menu», avec un duel délicieux entre les saveurs nobles et cyniques d’un Ralph Fiennes au top de sa forme, et l’acidité pétillante d’une Ana Taylor-Joy intrigante et élégante.

Le bon cinéma, c’est comme la grande cuisine: l’important, c’est d’abord la qualité des ingrédients. Côté casting, aucune fausse note dans «The Menu» avec un duel délicieux entre les saveurs nobles et cyniques d’un Ralph Fiennes au top de sa forme, et l’acidité pétillante d’une Ana Taylor-Joy intrigante et élégante. Côté fourneaux, c’est toute l’équipe de la fabuleuse série «Succession» qui est aux commandes, Mark Mylod à la réalisation, Adam McKay et Will Ferrell à la production. Le résultat est une fable sophistiquée, cynique et gastronomique, qui se déguste avec délice et quelques grincements de dents, posant à travers sa variation à cinq plats un point de vue cinglant sur les dérives de nos sociétés, le poids de l’argent, du pouvoir et de la puissance d’une situation sociale dominante. La fable est gourmande et cruelle, élégante et sans merci, on se demande sans cesse si c’est du lard ou du cochon, jusqu’au grand final, allégorie flamboyante qui consume pêle-mêle le food porn, le vulgaire des shows culinaires télévisés, l’adoration exagérée pour les stars de la cuisine, le désir des ultra-riches de pouvoir tout s’offrir, jusqu’à la mort. Ici, la vengeance est un plat étoilé, bien saignant, et parfois cru.