Malaise des soignants du CHUV: des remèdes qui divisent

BURNOUT • Une enquête interne au CHUV pointe du doigt le malaise du personnel soignant. Les syndicats applaudissent, mais restent très sceptiques sur les remèdes proposés par la direction.

Pour une fois ils sont tous d’accord. Syndicats et CHUV parlent d’une même voix et posent le même diagnostic. Le mois dernier en effet, le CHUV rendait publics les résultats d’une vaste enquête menée auprès de 13'000 collaborateurs consacrée au climat de travail qui règne au sein du premier employeur du canton. 18 thématiques ont étés incluses dans le questionnaire proposé et issu d’une démarche concertée, en collaboration avec le Département de la santé et de l’action sociale, des associations professionnelles ASI et ASMAV, la Commission du personnel et les syndicats SUD et SSP Vaud.

Charge de travail et pénibilité

Lausanne Cités a pu se procurer le document de synthèse de cette enquête dont il ressort qu’un tiers des participants, le personnel de soin plutôt que le personnel administratif, ont affirmé ressentir que leur travail est pénible émotionnellement, rapportant une charge et un rythme de travail trop élevés, des problèmes d’absentéisme et d’organisation, ainsi qu’un déséquilibre ressenti entre le travail fourni et la reconnaissance. «Ces résultats confirment ce que l’on dit depuis des années car ce qui en ressort en premier c’est bel et bien le problème de la charge de travail et de sa pénibilité» lance David Gygax, secrétaire du syndicat suisse des services publics, SSP-CHUV. «Cette enquête montre qu’il y a un grand mécontentement et un grand malaise parmi le personnel soignant, et même la direction du CHUV en convient» renchérit Aristides Pedraza, du syndicat SUD.

Si tout le monde s’accorde sur le constat, les remèdes aux maux mis en avant par l’enquête divergent sensiblement. «La séance que nous avons eue avec la direction indique que celle-ci ne veut pas entendre parler d’une augmentation de la dotation financière allouée au CHUV, explique David Gygax. Elle prétend qu’une meilleure organisation engendrera plus d’efficacité et réglera les problèmes du personnel soignant. Or ce qu’il faut, c’est clairement plus de postes de travail car les dotations et les effectifs actuels sont simplement insuffisants par rapport à la charge de travail globale de l’hôpital».

Droit à la santé?

«La direction prétend agir par une restructuration classique en évitant surtout la question des moyens et des ressources pour se concentrer sur des améliorations de productivité, déplore ainsi Aristides Pedraza. Or les gains de productivité dans le contexte actuel sont irréalistes. Ce que l’on attend d’un hôpital public, c’est une stratégie du droit à la santé et non une logique de marges bénéficiaires».

Pour rappel, 60% des collaborateurs soit plus de 7700, ont répondu au questionnaire de cette enquête dont les résultats peuvent être considérés comme étant crédibles, puisque toutes les catégories d’employés ont été correctement représentées.