Magali Crausaz: «Je reste moi-même tout en incarnant ma fonction»

POLITIQUE • Simple, avenante et chaleureuse, indépendante mais se réclamant de l’extrême gauche, Magali Crausaz préside le Conseil communal de Lausanne depuis le 1er juillet dernier. Elle livre son regard sur une fonction qui lui tient à cœur.

  • Magali Crausaz, mère au foyer, est la «première citoyenne» de la ville. MISSON-TILLE

    Magali Crausaz, mère au foyer, est la «première citoyenne» de la ville. MISSON-TILLE

«Les personnes les plus intéressantes ne se trouvent pas au Beau-Rivage»

Lausanne Cités: Présider le Conseil communal, c’est utile ou c’est plutôt symbolique?

Magali Crausaz: Les deux. Diriger les débats des élus est nécessaire. La fonction de représentation, c’est-à-dire représenter la Ville auprès de la population et des diverses manifestations, est en revanche très symbolique. Pour résumer, c’est une fonction où l’on n’a pas de pouvoir, mais qui joue un rôle important.

Et qui prend beaucoup de temps?

Oui, j’ai une formation en auxiliaire de santé, mais ce travail n’est pas compatible avec le Conseil communal et encore moins avec sa présidence.

Aviez-vous pensé un jour devenir la «première citoyenne» de la ville?

Ah non, jamais (rires)! Alors que je siège au Conseil communal depuis 2010, ce n’est qu’avec le début de cette nouvelle législature, qui a connu un fort renouvellement, que l’idée m’est venue, et que je me suis dit: «pourquoi pas?».

Pourquoi ne pas y avoir pensé avant? Par manque de confiance en vous-même?

Probablement. Le statut de femme n’aide pas toujours à avoir confiance en soi… A mes tout débuts au Conseil communal, rien que l’idée de présider une simple commission me faisait peur, j’ai même laissé une fois la place à un de mes collègues (rires)…

Tout a changé aujourd’hui?

Avec le temps, on prend de la maturité. Et puis, lors de la précédente législature, des femmes ont constitué un groupe, ce qui a créé une véritable dynamique, un mouvement qui conduit finalement à se dire: «on peut le faire nous aussi». Finalement, je reste moi-même tout en incarnant la fonction, et sans aucun souci pour gérer les débats qu’il faut coordonner sans perdre de vue le fond. Certains jours, œ n’est pas toujours facile (sourire).

A l’aune de ces premiers mois, qu’appréciez-vous le plus dans votre rôle de présidente?

Le travail de représentation me tient vraiment beaucoup à cœur, même s’il me prend énormément de temps. Parfois, je pourrais déléguer un membre du bureau mais je trouve important de toujours d’y aller moi-même. C’est avant tout une question de respect, surtout pour les personnes qui me sollicitent, et les petites sociétés locales qui y tiennent particulièrement. C’est important de leur offrir ne serait-ce qu’une oreille attentive.

D’où vous vient cette attention pour les «petites gens»?

Mais parce que je suis une «petite gens» (rires)! Très jeune, j’ai travaillé comme chauffeur de taxi. Et je peux vous dire que les personnes les plus intéressantes ne sont pas forcément celles que l’on va chercher au Beau-Rivage… Nous sommes dans un monde où certains gagnent un million par jour alors que d’autres vivent avec à peine 10 francs. Et c’est ceux-là qui trouvent deux francs pour aider les autres…

Depuis votre accession à la présidence, vous avez fait l’acquisition d’un vélo électrique…

Mais oui, c’est très pratique car cela me permet de me déplacer rapidement pour répondre à mes obligations. En un peu plus de deux mois, j’ai déjà fait près de 500 km! Cela dit, je suis une adepte des outils de mobilité douce, n’en déplaise aux pro-voitures. Avec moins de voitures, la ville est tout de même devenue un vrai bonheur à vivre, même s’il reste beaucoup à faire.

Votre prédécesseur Nicola Di Giulio était très présent sur le plan médiatique. Est-ce difficile de lui succéder?

Non du tout. Je m’entends très bien avec lui, il m’a en outre beaucoup permis de l’accompagner en tant que première vice-présidente et je lui en suis reconnaissante. Mais il avait sa manière d’être et moi j’ai la mienne, je suis très différente et je n’ai pas de plan de carrière politique (rires).

Comment voyez-vous votre avenir après cette année de présidence?

Je suis très heureuse avec ce que je fais, mais je me réjouis déjà de ne plus avoir à incarner l’autorité de la Ville et de redevenir moi-même en toutes circonstances. Vous savez, même dans une sortie privée, on m’appelle «Madame la Présidente» (rires). Et puis je me réjouis de pouvoir à nouveau m’impliquer activement dans l’association «référent-e-s de proximité» dont les activités me tiennent beaucoup à cœur.