Les tuiles solaires d'une entreprise morgienne cartonnent

INNOVATION • Une entreprise de Morges se positionne en pointe sur le marché de la tuile solaire que la crise énergétique rend encore plus prometteur. Retour sur une «success story» en croissance exponentielle.

Notre région se pose là en matière d’innovation. Le succès remporté par les tuiles solaires de l’entreprise Freesuns le prouve encore. La société de Colombier-sur-Morges cartonne dans ce marché de niche attisé par l’écologique air du temps et par la prise de conscience qu’il faut aller vers davantage d’autonomie énergétique. «Depuis sa création en 2016, notre entreprise a doublé son chiffre d’affaires chaque année!», rappelle Benoit Emery, responsable du développement de Freesuns.

Une croissance exponentielle

Cette croissance exponentielle est consécutive au coup de génie qu’a eu John Morello en 2014. A l’époque, cet ingénieur en mécanique binational australien et italien bossait chez Honeywell, géant mondial du chauffage et de la technique du bâtiment basé à Rolle. Le toit de sa maison d’architecte de Colombier ne supportant pas des panneaux solaires, l’expat s’était échiné à trouver une solution efficace et esthétique. Il y est si bien parvenu qu’un édile local l’a aidé à lancer son entreprise.

A ce jour, Freesuns a installé plus de 75 toits solaires en Suisse et en a quelque 25 autres dans son carnet de commande. L’entreprise compte huit employés. Elle produit quatre type de tuiles: des simples, des noires, des grises (utilisée sur une annexe du célèbre Grand Chalet de Balthus) et des d’aspect en terre cuite. Exploit non négligeable: ces dernières sont vues d’un assez bon œil par divers services du patrimoine. Toutes ces tuiles répondent à la devise de l’entreprise: «Can you tell it’s solar?» Soit une manière de souligner qu’elles sont photovoltaïques mais sans en avoir l’air. L’atout maître de Freesuns, qui compte très peu de concurrents dans son secteur, est de proposer des tuiles de petites tailles pouvant être personnalisables pour arriver à un rendu impeccable jusqu’aux bords de toits.

Elon Musk leur fait une pub d’enfer

Le «Tesla solar roof» d’Elon Musk, largement médiatisé en 2017, n’a pas cette spécificité mais a eu l’avantage de booster la croissance de l’entreprise. Tout bénéfice donc puisqu’à ce jour, cette concurrence n’a pas encore pris pied en Europe! Freesuns a en revanche rencontré des problèmes d’approvisionnement et de hausses de coût suite à la crise sanitaire. L’entreprise produit en effet encore en Chine ce qui ne plait guère à la plupart de ses clients très portés sur les questions écologiques. «Mais nous mettons le paquet pour relocaliser en Europe à moyen terme», souligne Benoit Emery. Leur technologie reste onéreuse. Il faut en effet compter 350 à 600 fr./m2 de tuile, auxquels s’ajoute 100 fr./m2 en matériel électrique et 300 à 500 fr./m2 de couvreur.

«L’addition finale est cependant réduite par quelque 30% de déductions fiscales et 10% de subventions fédérales. Sans parler du fait que le rendement de tels toits varie de 3 à 9% par an en économies de frais d’électricité selon les cas», tempère Benoit Emery.