Les poux aussi ont fait leur rentrée

SANTE • Depuis mi-août, les petits insectes qui s’accrochent aux cheveux sont légion sur la tête des écoliers. Les spécialistes de la lutte anti-poux ne chôment pas.

  • Le secret pour se débarrasser de ces hôtes indésirables: un peigne spécifique et de la patience. 123RF

    Le secret pour se débarrasser de ces hôtes indésirables: un peigne spécifique et de la patience. 123RF

«Maman, ça me gratte la tête.» C’est par cette petite phrase anodine qu’a commencé le calvaire de Christine. Son fils âgé de huit ans est rentré de l’école un soir en se plaignant de fortes démangeaisons. Un rapide examen a suffi: poux et lentes avaient en effet élu domicile dans sa chevelure blonde et frisée. De quoi s’arracher les cheveux pour cette mère de famille malheureusement habituée à voir ces petites bêtes proliférer. «C’était comme cela à chaque rentrée avec ma fille aînée.»

Christine et ses enfants ne sont pas les seuls à être confrontés au problème. Même si peu de gens en parlent, les poux sont légion. Il est bon de rappeler que l’appartition de ces parasites n’a rien à voir avec l’hygiène!

Parents et spécialistes confirment que la rentrée scolaire est un moment propice. «Souvent, pendant l’été, on ne se rend pas compte que les enfants ont des poux. Et quand vient la rentrée et qu’on s’en apercoit, l’infestation est déjà bien installée», commente Sonia Troyon, fondatrice et directrice de Lice clinics of Switzerland.

Résistants aux produits

Elle et son collaborateur œuvrent sur deux sites: l’un vaudois, l’autre genevois. Le centre emploie une technologie américaine qui assèche poux et lentes «sans abîmer les cheveux», souligne-t-elle. «Ce dernier mois, on a eu un emploi du temps chargé, étant précisé qu’on bloque deux heures par client.» Et Sonia Troyon d’ajouter: «Nous nous occupons majoritairement des personnes qui ne s’en sortent pas. Pour tous les autres, nombre de traitements sont disponibles en pharmacie. Ils fonctionnent plus ou moins bien mais le peignage reste important.»

Encore que... «De plus en plus, les poux deviennent résistants à tous les produits», souligne la pédiatre Martine Bideau. Un constat que partage Sherifa Moktar, employée au centre anti poux d’Annemasse, juste de l’autre côté de la frontière. Parasitologue de formation, elle assure que «les shampoings ne sont pas efficaces car beaucoup de molécules sont désormais interdites et ont donc été retirées. Le souci, c’est que ces produits n’éliminent pas les lentes.»

Joignant le geste à la parole, elle examine mèche par mèche les cheveux d’une fillette. «Un client sur deux vient de Suisse, estime à la louche Sherifa Moktar. On a beaucoup de Genevois, certains de Lausanne.»

Pourquoi les enfants sont ils particulièrement concernés? «Ils sont très tactiles entre eux. On a aussi quelques adultes. Ce sont souvent les mamans, les mamies, les personnes travaillant avec enfants mais aussi le personnel hospitalier.» Sherifa Moktar se dit étonnée du nombre de clients. «Cette année, c’est vraiment incroyable. On a l’habitude de bien travailler l’été mais 2022, ça a été exceptionnel.» D’autant qu’après une légère accalmie au début du mois, le rythme devrait reprendre après les vacances scolaires d’octobre et à Noël.