Les dioxines, un si lourd héritage à porter

SANTE PUBLIQUE • Deux ans après la découverte de taux anormalement hauts de dioxines dans les sols lausannois, les autorités ont présenté les derniers résultats des investigations menées. Consternation: la pollution est beaucoup plus importante qu’annoncée initialement.

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C’était au mois de mai 2021. Les autorités lausannoises annonçaient que des pollutions aux dioxines avaient été découvertes sur les hauts de la ville. A l’origine de cette annonce, une étude de terrain réalisée dans le cadre d’un projet de parc agroécologique envisagé sur des parcelles situées entre la Sallaz et Chailly. Plusieurs espaces verts, des places de jeux, des jardins, des terrains de sports ainsi que des endroits susceptibles d’accueillir des enfants en bas âge, sont alors fermés au public.

Une première analyse

Au mois d’octobre, les experts chargés de découvrir la provenance de cette contamination rendaient leurs premières analyses, pointant du doigt l’ancienne usine d’incinération des déchets du Vallon, active entre 1958 et 2005. De son côté, la Ville minimisait, les taux mesurés ne représentant pas «une menace imminente pour la santé». Et, afin de couper court à toute polémique, elle en profitait aussi pour expliquer que si elle ne s’était emparée de cette thématique plus tôt, c’est parce qu’à l’époque de la fermeture de l’usine, la question des dioxines ne semblait pas si importante. On pensait que la pollution de l’air n’affectait pas le sol.

Par rapport aux premières révélations du mois de mai, elle se disait par ailleurs «ni plus, ni moins inquiète qu’au début» et que les investigations allaient continuer. Depuis quelques jours, on sait à quoi elles ont abouti: d’autres parcelles contaminées ont été découvertes, ce qui porte leur nombre à 4000 à Lausanne et sur les communes de Pully, Prilly, Epalinges et du Mont. Mais attention, notamment pour des questions de coût, tous les emplacements à risque n’ont pas encore été sondés. Ce qui signifie clairement que d’autres mauvaises surprises restent possibles.

Une nouvelle étude sanitaire

Evidemment, tout cela laisse pantois. Même les autorités qui évoquent «une pollution d’ampleur inédite» et à qui on ne peut décemment rien reprocher, n’étant pas au pouvoir à l’époque. Reste en l’état de nombreuses questions encore en suspens: comment ces sites pollués vont-ils être assainis et dans quel délai? Qui va s’en charger? Qui va payer pour cela et indemniser les personnes lésées? Enfin, question cruciale, à quel point la population exposée aux dioxines ne risque-t-elle rien? Le médecin cantonal Karim Boubaker se veut rassurant: «A l’heure actuelle, le risque de développer une maladie est excessivement faible, voire nul». Une nouvelle étude va toutefois être lancée, mais des experts disent déjà qu’une vraie évaluation de l’ampleur de ce désastre, en termes sanitaires, prendra des années. Il s’avère donc déjà comme un lourd héritage à porter.