«Les commerces sont menacés pour des raisons idéologiques!»

BRAS DE FER • Alors que la gauche perdure à exiger la fermeture du Grand-Pont aux voitures dans le cadre de l’arrivée du tram au Flon, l’Association des commerçants de Saint-François et de la rue de Bourg persiste à ne pas lever son opposition à la non-réalisation de la rampe Vigie-Gonin. Son président, Claude Jutzi, justifie sa position.

  • Le manque d’accessibilité de l’hypercentre ferait fuir les visiteurs selon Claude Jutzi. MISSON-TILLE

    Le manque d’accessibilité de l’hypercentre ferait fuir les visiteurs selon Claude Jutzi. MISSON-TILLE

Lausanne Cités: Claude Jutzi, dans ce dossier vous faites de la résistance. Que répondez-vous à ceux qui disent aujourd’hui que, dans le fond, vous n’êtes qu’un Neinsager?

Claude Jutzi: Qu’ils se trompent! Je représente une association forte de plus d’une centaine de membres, qui est pilotée par un comité de sept personnes, et qui ne regroupe pas que des commerces, mais aussi des professions libérales et des propriétaires. Je n’y fais ni la pluie, ni le beau temps!

Mais vous résistez…

Oui, car un des buts que nous poursuivons consiste à garantir l’accessibilité multimodale pour toutes et tous. Le syndic Grégoire Junod dit se soucier du manque de dynamisme économique de notre capitale. Mais ce constat doit être suivi d’actes. Nous cherchons actuellement ensemble les meilleures solutions pour développer l’activité de ce tissu économique en garantissant l’accessibilité aux parkings pour le transport individuel motorisé, tout en soutenant le développement des transports publics.

Vous avez une vision bien précise de la mobilité multimodale. Comment l’envisagez-vous?

Les problèmes actuels de nos villes sont de toute évidence liés aux heures de pointe. Il faut faire en sorte que notre clientèle, qui ne peut parfois pas se déplacer autrement qu’en voiture, évite de venir en ville durant ces heures. Il faut également encourager les pendulaires à utiliser les transports publics avec des offres attrayantes que les tl étudient actuellement et non pas, comme c’est le cas habituellement à Lausanne, avec des coups de bâtons ou des contrariétés à répétition, qui fâchent et font fuir les habitants du canton vers d’autres villes. Parallèlement, et pour de courts trajets, le vélo et plus généralement les deux roues, peuvent être une bonne solution, tout comme la marche lorsque notre santé le permet. Mais un lendemain sans voiture n’est absolument pas réaliste.

Que souhaitez-vous donc?

Faire respecter la convention signée en 2014 avec la Municipalité et les tl, garantissant la création de la rampe Vigie-Gonin. Pour des raisons purement politiques, les autorités ont finalement changé d’avis et renoncé à cette construction, alors même que les tl ont défendu et gagné cet axe jusqu’au Tribunal fédéral. Nous souhaitons simplement faire respecter nos droits, ou trouver un compromis acceptable, mais nous n’acceptons pas que la pérennité des commerces du centre-ville soit mise en danger…

A vos yeux, ce danger existe donc réellement du côté de Saint-François et de la rue du Bourg?

Absolument, le quartier de Saint-François et de la rue de Bourg est particulièrement touché par le projet de fermeture du Grand-Pont, ainsi que celle de la rue de Genève-rue Centrale, car de trois axes reliant l’est à l’ouest de la ville, il n’en resterait plus qu’un seul. Durant la période des travaux de réfection du Grand-Pont et de sa fermeture au trafic motorisé, le report du trafic sur Jules Gonin a engendré un engorgement systématique de 7h30 à 9h du matin et de 16h à 19h, ne provoquant pas un transfert multimodal, mais bien une fuite des visiteurs de nos enseignes vers d’autres villes. J’en veux pour témoin les nombreux appels de nos clients annulant leurs rendez-vous, faute de pouvoir accéder au centre-ville.

Vous êtes en discussion avec la Municipalité, quand imaginez-vous pouvoir arriver à un accord?

Cette échéance ne dépend pas exclusivement de notre association, mais nous nous efforçons de toutes les manières à trouver une solution acceptable d’ici au début de l’année prochaine.

Plus généralement, estimez-vous que la Municipalité en fait assez pour défendre le petit commerce local?

Aujourd’hui, elle témoigne enfin d’une certaine écoute à notre égard, et c’est un bon point. Un climat de confiance semble se créer. Nous espérons que cela perdurera sans qu’il soit nécessaire de multiplier les actions judiciaires, comme c’est malheureusement le cas depuis une dizaine d’années.