Travail: l’exception helvétique

Le Secrétariat d’Etat à l’économie l’affirme: aucune vague de démissions n’est constatée dans notre pays. Les Suisses aiment donc vraiment leur travail...

Avez-vous entendu parler du «quiet quitting», ou «démission silencieuse»? Ce nouveau phénomène, porté par les réseaux sociaux et touchant particulièrement les moins de trente ans, prend de l’ampleur à travers le monde. La pratique consiste à faire le strict minimum du travail demandé afin de se préserver. Ni plus ni moins. Né en Chine, elle est désormais considérée comme une contre-culture, poussant même les autorités à censurer le hashtag associé «Tangping» («rester allongé»).

Ce phénomène fait écho à la «Grande démission». Aux Etats-Unis, près de 50 millions de salariés ont quitté leur travail en 2021, soit 29% de la population active! Et cela se poursuit: au premier trimestre de cette année, quatre millions de travailleurs en moyenne ont fait leurs cartons, chaque mois, pour voir ailleurs ou devenir indépendants. La tendance se fait aussi ressentir en Europe, notamment en France où les démissions ont augmenté de 20% en deux ans. D’éminents économistes, dont le Nobel Paul Krugman, estiment que c’est le signe avant-coureur d’un changement global et durable de notre rapport au travail.

Et la Suisse dans tout ça? Rien. Le Secrétariat d’Etat à l’économie l’affirme: aucune vague de démissions n’est constatée dans notre pays. Les chiffres de l’Office fédéral de la statistique révèlent quant à eux que la part de travailleurs indépendants dans la main-d’œuvre totale est même en baisse sur 20 ans. Décidément, les Suisses aiment encore leur travail. Jusqu’à ce que…?